Une battante. À 27 ans, Mélanie Fontaine se fixe des objectifs ambitieux, avec succès et malgré les obstacles qui se dressent face à elle. Sa surdité bilatérale à 80 % de naissance aurait pu la décourager et pourtant : l'étudiante - équipée d'appareils auditifs - de l'INSSET suit une formation universitaire très exigeante. Malgré son handicap, et avec le soutien de sa famille depuis des années et de l'UPJV.
"Je suis sourde depuis toujours, donc je fais avec. À partir de l'adolescence, j'ai gagné davantage en autonomie par rapport à l'école primaire où j'étais accompagnée au quotidien par une assistante de vie scolaire. Depuis le collège et jusqu'à aujourd'hui, je bénéficie de nombreux aménagements : port d'un micro-cravate par les professeurs, temps majoré pour les épreuves, cours écrits et distribués à l'avance… Cela me permet de suivre les enseignements sereinement. Et d'avoir les mêmes chances de réussite, finalement, que les valides."
Adapter, pour faire des étincelles
Suivre une formation universitaire lorsque l'on présente un handicap comme celui de Mélanie, mission impossible ? "Non, si on s'adapte, si on alerte, si on aménage", sourit la Saint-Quentinoise. "À chaque rentrée universitaire, j'envoie une demande à l'UPJV, auService universitaire de Santé Étudiante (SSE). À la réception de mon dossier et après un entretien médical avec l'un des médecins du SSU, mon cas est étudié et je reçois les soutiens qui me correspondent. Sans cela, impossible de mener à bien mes projets !"
Les agencements de travail, indispensables au cursus universitaire de Mélanie, permettent à l'étudiante de faire des étincelles. Pourtant, tout n'a pas toujours été simple. Après le baccalauréat, première entrée en amphi de l'UFR de médecine et première désillusion : malgré les dispositions proposées – micro, cours magistraux donnés à l'avance – Mélanie se retrouve au milieu d'une promotion bien trop dense. "Depuis toute petite, j'ai appris à lire sur les lèvres, une méthode que je trouve plus efficace et moins exclusive que la langue des signes. Mais quand je me suis retrouvée dans un amphithéâtre bondé, avec au moins 400 personnes et le bruit ambiant, j'ai vite compris que ce n'était pas pour moi. Alors je me suis réorientée, et j'ai bien fait. Mon handicap m'oblige à me remettre sans cesse en question."
"Rendre à l'université ce qu'elle m'a donnée"
Aujourd'hui à l'INSSET, Mélanie planche sur sa thèse, qui la fait voyager entre les salles de classe et les entreprises spécialisées. Son sujet – l'architecture d'un système d'exosquelette dans le Cloud avec l'intelligence artificielle – pourrait l'amener à travailler à l'international, évoluer dans de grands groupes industriels, déposer des brevets…
"Je voudrais d'abord rendre à l'université ce qu'elle m'a donnée, en devenant enseignante-chercheuse. Je sais bien qu'il y aura toujours quelques difficultés sur mon chemin. Mais depuis mon plus jeune âge, je dois me battre. Alors, je suis prête pour ce nouveau combat."