D.E.S.S. "Qualité et Gestion de l'Eau"
Chapitre 1
1. LA SYNTHESE DE L'EAU DANS LE COSMOS
La simple molécule d'eau H2O est formée par l'association d'un élément primordial, l'hydrogène, issu du "big bang", et de l'oxygène produit dans les étoiles. Ces deux atomes se sont unis dans les zones plus froides, à l'abri du rayonnement ultra-violet destructeur des molécules.
L'hydrogène est l'élément le plus abondant de l'univers (90% des atomes de l'univers); son atome ne comprend qu'un proton et qu'un électron. C'est la brique élémentaire qui a servi à fabriquer tous les autres éléments chimiques (nucléosynthèse). Les nucléons comprennent les protons et les neutrons. Par addition de protons et de neutrons liés par des forces nucléaires trés puissante se sont constitués tous les noyaux d'atomes depuis l'hélium jusqu'à l'uranium.
Le noyau d'hydrogène a été formé dans les premières phase du big bang. Il a donné ensuite des noyaux plus gros comme d'hélium. Grâce à l'expansion de l'univers qui a diminué la température et fait cesser les interactions nucléaires, une partie seulement de l'hydrogène s'est transformé en hélium puis en d'autres noyaux simples. La température baissant encore, les protons et les électrons se sont combinés pour donner des atomes d'hydrogène neutres puis des molécules. La gravité a rassemblé ensuite la matière en amas d'étoiles.
Dans les étoiles, l'énergie est fournie par la fusion thermonucléaire des noyaux légers en noyaux lourds, et d'abord de l'hydrogène en hélium. La fusion diminue le nombre des particules et l'étoile se contracte peu à peu, ce qui fait augmenter sa température et sa densité; les réactions nucléaires s'accélèrent jusqu'à épuisement du combustible. Quand l'étoile a épuisé sa réserve d'hydrogène, sa température augmente; des noyaux plus gros sont synthétisés. C'est le stade des "Géantes rouges". Trois noyaux d'hélium , soit en tout 6 protons et 6 neutrons, s'associent en un noyau de carbone 12C. L'oxygène résulte de la fusion d'un noyau de carbone avec un noyaux d'hélium. L'étoile a une structure concentrique complexe, avec un coeur trés chaud et des couches de plus en plus froides vers l'extérieur. Tout une série de noyaux peuvent être formée à ces différentes températures; en particulier le silicium et le fer.
Seule la surface de l'étoile plus froide relativement est un site possible de synthèse de molécules. A la surface des étoiles géantes rouges, l'eau notamment se forme à une température de surface de 3000 à 4000°K. Par la suite, l'étoile explose en une supernova qui expulse ses gaz dans l'espace. Dans les gigantesques nuages circumstellaires, dont la taille va de 10 fois celle du soleil à 1 année lumière, la température décroît au fur à mesure que l'on s'éloigne de l'étoile, la quasi totalité de l'oxygène est présente sous forme de H2O et CO. Des molécules complexes formées (eau, ammoniac, méthane et hydrocarbures) se trouvent sous forme de pellicule de glace sur les poussières. Ces molécules diffusent ensuite dans les nuages interstellairesriches en hydrogène et hélium; cependant la température élevée qui y règne et le rayonnement ultra-violet ne sont pas favorables à la présence des molécules d'eau. Ce ne sont donc que dans certaines zones bien particulères, suffisamment denses et froides, à l'abri du rayonnement destructeur, que se rencontrent les molécules.
2. LA REPARTITION DE L'EAU DANS L'UNIVERS.
Après la synthèse dans les étoiles géantes rouges, les molécules d'eau se retrouvent donc dans certaines zones bien particulières, avec l'oxygène atomique O et le radical OH, qui résultent d'une dissociation de H2O par collision avec d'autres molécules du gaz ou par le rayonnement ultra-violet; on trouve en outre des molécules de O2, CO, CO2, des composés du silicium et peut-être des oxydes d'autres métaux. L'eau à l'état solide est facilement détectée grâce à une signature spectrale caractéristique: une bande d'absorption dans l'infra-rouge à 3,1 µm. L'eau à l'état de glace a pu être mise en évidence d'abord à la surface et à la périphérie d'étoiles de température peu élevée, puis dans les nuages moléculaires interstellaires. La présence d'eau dans les nuages circumstellaires de certaines étoiles trés jeunes est considéré comme un indice de formation de système planétaire.
Figure 1: bande d'absorption de la glace autour
d'une
étoile infra-rouge.
Comme pour les autres étoiles, la formation du
système
solaire a débuté par la contraction gravitationnelle d'un
nuage
moléculaire sous l'effet de sa propre masse. La partie centrale
donne
le Soleil où la température interne devient suffisante
pour
déclencher les réactions thermo-nucléaires qui
produisent
l'énergie lumineuses. Le reste du nuage, qui n'a pu se condenser
au
centre, s'aplatit en un disque de poussières et de gaz
tournoyant en
orbite autour du Soleil. Ces poussières se rassemblent en
planètes
et en comètes vers -4,6 milliards d'années.
Selon ce scénario communément admis,
l'eau
peut se trouver un peu partout dans le système solaire. Elle
proviendrait
des pellicules de glace recouvrant les poussières contenues dans
le
nuage interstellaire froid et dense qui s'est contracté.
Cependant
les molécules d'eau n'ont pu subsister que dans des conditions
de température
assez basse, c'est à dire assez loin du Soleil. En effet
Mercure,
la planète la plus proche du Soleil, est trés chaude et
dépourvue
d'eau; à l'opposé, Miranda, un satellite d'Uranus, est
constitué
principalement de glace. Europa, satellite de Jupiter, est
également
recouvert de glace. A la pression régnant dans l'espace, la
vapeur
d'eau se condense en glace vers 160°K; la température
diminue
en s'éloignant du Soleil; la condensation en glace s'effectue
à
partir d'une distance du Soleil égale à quelques
unités
astronomiques (Unité Astronomique, 1 U.A. = 150
millions
de km, distance moyenne de la Terre au Soleil), c'est à dire au
niveau
de Mars. Au delà, les grains de poussière recouvertes de
glace
se sont agglutinés les uns aux autres pour former les noyaux des
comètes
qui eux-mêmes ont formés le noyau solides des
planètes
géantes (Jupiter, Uranus, Neptune) et leurs satellites.
3. L'ORIGINE DE L'EAU TERRESTRE
La Terre apparaît comme la seule planète
du
système solaire possèdant de l'eau à l'état
liquide.
Cet état n'est possible que par sa distance au Soleil. Sur
Mercure,
l'eau a été vaporisée et dissociée par le
rayonnement
ultra-violet du Soleil; l'hydrogène généré
a diffusé
dans l'espace. Venus, la "planète soeur" de la Terre est plus
proche
du Soleil, 0,7 U.A.: l'énergie reçue du Soleil est 2 fois
plus
grande. L'eau a été vaporisée dans
l'atmosphère
vénusienne ; avec le CO2, elle
a produit
un effet de serre et augmenté encore la température
superficielle
de la planète. Le CO2 n'a pu
de ce
fait se dissoudre dans l'eau liquide pour former des carbonates. Les
U.V.
solaire ont ensuite dissocié la plus grande partie de la vapeur
d'eau
en donnant de l'hydrogène qui s'est échappé
définitivement
de l'atmosphère vénusienne. En revanche,
l'atmosphère
a gardé plus facilement une partie de son deutérium qui
était
combiné dans les molécules d'eau lourde; cet isotope
lourd
a été détecté par la sonde
américaine
Pioneer. Vénus a pu à son origine contenir autant d'eau
que
la Terre; elle n'a plus maintenant qu'une faible quantité de
vapeur
qui correspondrait à une couche superficielle de 0,20 m à
l'état
liquide.
Mars, situé à 1,5 U.A., possède
de
l'eau sous forme de glace rassemblée en calottes polaires et
gelée
dans le sol (pergélisol). La température superficielle
moyenne
est de -53°C. Son atmosphère contient surtout du CO 2 sous faible
pression
( 6 millibars). Les traces d'érosion à la surface
suggèrent
l'action de l'eau liquide il y a quelques milliards d'années,
lorsque
la température était plus élevée. On
suppose qu'une
grande partie de l'eau a été vaporisée et
dissociée;
l'atmosphère originelle riche en CO 2 aurait produit un effet de serre et
élevé
la température au dessus de 0°C. Petit à petit, le CO2 s'est dissous dans l'eau liquide et
formé
des carbonates. L'effet de serre a diminué et la
température
également.
Apparemment, seule la Terre contient de l'eau sous
ses 3
états, et en particulier à l'état liquide,
à sa
surface; pourtant, à sa formation, l'eau gazeuse aurait dû
subir
le même sort que sur les planètes voisines: elle aurait
dû
être décomposée par les U.V. et dispersée
dans
l'espace en hydrogène. On a supposé que la
planète, sans
eau à l'origine car trop près du Soleil, avait
été
bombardée par une multitude de noyaux de comètes
chargés
de glace: l'eau terrestre aurait donc une origine cométaire. Une
autre
hypothèse suppose que le nuage de poussières serait
passé
par une phase initiale chaude pendant laquelle tout aurait
été
volatilisé. Puis le nuage se serait refroidi et de nouveaux
grains
solides se seraient formés dont la composition dépendrait
de
la distance par rapport au Soleil. On explique ainsi la
différence
de composition chimique des planètes proches et
éloignées
du Soleil. Vers 1 U.A. se seraient condensés des silicates
hydratés;
ces grains se seraient agglomérés en corps de dimension
planétaire
et l'eau se serait dégagée à l'état de
vapeur
au moment de l'impact ou plus tard par dégazage volcanique. La
surface
de la Terre se refroidissant, la vapeur s'est condensé sous
forme liquide
et a dissous une grande partie duCO
2 qui a disparu progressivement de
l'atmosphère pour
se combiner dans les carbonates. L'effet de serre a diminué et
la
température de la surface a pris des valeurs proches de celles
d'aujourd'hui.
La vie a pu alors apparaître vers 3,5 milliards d'années.
L'oxygène
produit par les organismes photosynthétiques à partir du CO 2et de l'H2O
s'est accumulé dans l'atmosphère et la couche d'ozone
s'est
formée progressivement en haute altitude, arrêtant les
U.V.
nocifs car mutagènes: vers -500 millions d'années, les
organismes
pluricellulaires ont pu se diversifier et coloniser la surface du globe.
Le maintien de l'eau liquide à la surface de
la Terre
demande des conditions trés strictes: distance du Soleil de 1
U.A.,
effet de serre modéré de l'atmosphère. Le calcul
montre
que placée un peu plus près du Soleil, à 0,95
U.A.,
la Terre recevrait 10% d'énergie solaire en plus: elle
s'échaufferait
au point de connaître le sort de Vénus; au contraire,
placée
plus loin à 1,03 U.A., elle subirait une glaciation
généralisée
au point que même les eaux des océans seraient
entièrement
converties en glace. On a également cherché à
modéliser
les conséquence de l'augmentation de la teneur en CO2 produit
par
l'activité humaine dans l'atmosphère: l'effet de serre
serait
accru et l'eau serait vaporisée en plus grande quantité.
Par
analogie avec les étoiles du même type, on prévoit
une
augmentation de l'energie solaire de 1% dans les prochains 100 millions
d'années.
Dans 1 milliard d'années, le flux solaire aura augmenté
de 10
% et l'eau liquide disparaîtra de la surface de la Terre: la
Planète
Bleue aura perdu son originalité et sa biosphère, mais
cela
est une autre histoire...
4. L'EAU DE L'ECORCE ET DU MANTEAU TERRESTRE
4.1. RAPPEL DE LA STRUCTURE DU GLOBE
Figure 2: structure du globe
Figure 3: détail des couches superficielles
L'eau est présente:
* dans corps d'eau superficiels (océans, lacs, rivières) et souterrains (nappe) = hydrosphère
* dans les roches de l'écorce et du manteau:
dans
les interstices ou dans la composition chimique des minéraux.
4.2. L'EAU DE L'ECORCE
4.2.1 L'eau des sols
Les sols sont des réservoirs d'eau; l'eau est
contenue
dans certains minéraux, en particulier les minéraux
argileux,
et dans la matière organique; celle-ci forme notamment des
complexes
organo-minéraux mal cristallisés qui retiennent l'eau.
L'eau
des argiles peut être simplement adsorbée à la
surface
des cristaux; cette eau est mobile et en grande partie disponible pour
les
plantes (réserve utile). Il y a en plus de l'eau entrant dans la
constitution
même des minéraux qui ne peut être extraite que par
élévation
de température au dessus de 100 °C et qui n'est donc pas
disponible
pour les êtres vivants.
L'eau du sol provient des précipitations
atmosphériques.
Elle est transférée vers l'atmosphère par
évaporation
directe et par transpiration des plantes ainsi que vers les
réservoirs
profonds par infiltration. Le bilan hydrique du sol est
déterminant
pour l'agriculture.
4.2.2 L'eau des roches
Dans les roches, l'eau remplit les espaces vides:
fissures,
pores. Elle entre également dans la constitution des
minéraux.
Dans les roches magmatiques formées en
profondeur
(roches plutoniques comme le granite par exemple), il n'y a pas de
pores entre
les grains; l'eau remplit des fissures de taille variable (diaclases).
Lorsque
la fracturation est dense, le réseau de fissures peut
emmagasiner suffisamment
d'eau pour donner un véritable aquifère. L'eau entrant
dans
la constitution des minéraux est plus discrète: dans ce
type
de roches, les minéraux ne sont que faiblement hydratés
(micas
en particulier). L'altération des minéraux par hydrolyse
correspond
à un enrichissement de la roche en eau.
Les roches sédimentaires, formées
à
la surface, sont plus riches en eau. Les minéraux sont plus
hydratés
(en particulier les minéraux argileux) mais surtout les espaces
vides
sont généralement nombreux: la roche est poreuse. Lorsque
ces
pores communiquent, la roche est perméable à l'eau. La
roche
imbibée d'eau constituent un aquifère (par exemple la
nappe
des sables verts dans le Bassin de Paris). Cette eau interstitielle
provient
de l'infiltration superficielle. Elle peut avoir une origine plus
ancienne,
lorsqu'elle a été emprisonnée dans les pores au
dépôt
des sédiments: cette eau contemporaine du dépôt est
dite
connée.
Lorsque les roches sédimentaires sont
entraînées
en profondeur, elles sont soumises à des températures et
des
pressions plus élevées. Elles subissent des
transformations
physiques et minéralogiques entrant dans le cadre de la
diagénèse.
Elles perdent notamment une partie de leur eau intertititielle par
diminution
des pores sous l'effet de la pression et du dépôt de
ciment
(diminution de la porosité). L'eau de constitution des
minéraux
hydratés peut également s'échapper tandis que se
forment
de nouveaux minéraux stables dans les nouvelles conditions
physico-chimiques
(pour les minéraux argileux, transformation des smectites en
illites
puis en micas). Les modifications diagénétiques diminuent
donc
la porosité de la roche, mais à partir d'une certaine
profondeur,
plusieurs milliers de mètres, d'autres transformations
minéralogiques
produisent des vides entre les grains: il apparaît alors une
porosité
secondaire. Les eaux intertitielles sont riches en ions dissous; elles
peuvent
éventuellement remonter à la surface et donner des
sources fortement
minéralisées.
Lorsque les cristallisations sont importantes sous
l'effet
de la température et de la pression, la roche devient une roche
métamorphique,
dont les propriétés se rapprochent des roches
plutoniques: elle
perd son eau intertitielle et une grande partie de l'eau de
constitution de
ses minéraux.
4.3. L'EAU DU MANTEAU
Le manteau est une grande enveloppe rocheuse qui s'étend entre 30 et 2900 km de profondeur et représente à peu près les 2/3 de la masse de la Terre. Le manteau remonte à la surface au niveau des dorsales médio-océanique et expulse de l'eau et des laves basaltiques qui refroidissent et forme la croûte océanique. L'eau de mer altère les roches de la croûte océanique et produit des minéraux hydratés: une fraction de l'eau de la surface est donc incorporée dans la croûte altérée. Cette croûte enrichie en eau repart dans le manteau au niveau des grandes fosses de subduction.
Le volcanisme des îles océaniques
(points chauds)
et celui des rifts continentaux émet également de l'eau
à
partir du manteau.
Figure 4: génération et
résorption
de la croûte océanique (en noir).
Le manteau contient et apporte donc de l'eau à
la
surface. Il s'agit de connaître la quantité d'eau totale
stockée
dans le manteau, la forme sous laquelle elle existe, les
mécanismes
de transfert, le bilan des échanges d'eau avec la surface et
l'impact
de ce cycle interne sur le cycle de l'eau traditionnel.
Nous avons vu que la Terre avait
été
formée par l'agrégation de "poussières" de toutes
tailles
et renfermant notamment 1 à 3% d'eau adsorbée en surface
ou
piégée au sein de minéraux hydratés. Cette
phase
d'accrétion a été suivie d'une phase de
différenciation:
les éléments les plus lourds se sont concentrés au
centre
pour constituer le noyau métallique tandis que les
éléments
légers, dont l'eau, se rassemblaient à la
périphérie.
L'atmosphère et l'hydrosphère seraient d'origine interne
et
proviendraient d'un dégazage du manteau. Pour certains ce
dégazage
aurait été précoce: 80% de l'atmosphère se
seraient
formés dans les 100 premiers millions d'années de la
Terre tandis
que 20% se seraient accumulés plus lentement pendant les 4
derniers
milliards d'années. Le dégazage du manteau continue par
l'intermédiaire
des volcans qui rejettent beaucoup d'eau et de CO2. Le dégazage ne serait pas total, la moitié de
l'eau
incorporée à l'origine serait encore contenue dans le
manteau
qui renfermerait ainsi l'équivalent de 1 à 4 fois la
masse
d'eau contenue dans les océans.
La présence d'eau liquide à la surface
de
la Terre est précoce puisque les premières roches
sédimentaires,
produits par l'érosion des roches magmatiques sous l'action de
l'eau,
sont connues dès 3,9 milliards d'années, et
peut-être
avant.
La présence d'eau dans le manteau est attestée par la teneur des produits volcaniques issus du manteau. Lorsque le manteau remonte, il se différencie et donne des magmas beaucoup plus riches en éléments légers qui atteignent la surface: les laves basaltiques émises au fond des océans contiennent de 0,10 à 0,45% d'eau; les basaltes des îles océaniques, comme les îles Hawaï, et les basaltes de plateau, comme ceux des Trappes du Dekkan, qui proviennent de la différenciation du manteau profond (point chaud) en contiennent 0,2 à 0,6%. Des fragments de péridotites sont remontés par les volcans; elles proviennent de régions du manteau situées jusqu'à 300 km de profondeur. Ces péridotites contiennent des traces d'eau de l'ordre de 100 à 1000 ppm. Cette eau, sous forme de H2O ou de OH-, est incorporée dans les minéraux. Plus profondément, sous l'action de la pression, les minéraux des péridotites sont remplacées par des formes cristallines de haute pression, les spinelles. Des données expérimentales montrent que ces minéraux peuvent renfermer jusqu'à 4000 ppm d'eau.
Figure 5: extraction de l'eau du manteau d'après P. GILLET.
La quantité totale d'eau contenue dans le
manteau
est difficiles à évaluer: il est certain qu'une partie au
moins
du manteau est hydratée. En suposant que seule la partie externe
du
manteau, située entre -30 et -670 km, contient de l'eau à
une
teneur comprise entre 100 et 1000 ppm, on arrive à une masse
d'eau
comprise entre 10 20et 10 21
kg. Si l'ensemble du manteau est hydraté, la masse d'eau totale
passe
à 4 10 21kg.
Pour mémoire, le contenu actuel des océans est
évalué
à 1,4 10 21
kg.
Des travaux expérimentaux récents (Murakami et al., 2002) montrent que les minéraux du manteau sous l'effet de la pression peuvent contenir beaucoup plus d'eau qu'on le pensait, plusieurs fois la masse de l'hydrosphère. Néanmoins, le bilan des échanges d'eau entre la surface et la profondeur paraît remarquablement équilibré puisque le volume total des mers semble avoir peu varier depuis plusieurs centaines de millions d'années.
4.4. PLACE DANS LE CYCLE GLOBAL DE L'EAU
Le bilan des échanges d'eau entre la surface
et la
profondeur est difficile à quantifier.
Les apports du manteau se font d'abord par le
volcanisme
des dorsales océaniques: l'eau contenue dans les
péridotites
du manteau est extraite au moment de leur fusion partielle. Elle est
ensuite
transportée vers la surface par les magmas basaltiques ou
dégagée
en fumerolles sous pression (fumeurs) richement
minéralisées.
En prenant une teneur moyenne en eau de 0,15 à 0,45% pour la
croûte
océanique nouvellement formée, on aboutit à un
apport
annuel de 0,8 1011
à 2,40 1011 kg d'eau.
Les roches de la croûte océaniques sont
altérées
par l'eau de mer qui s'infiltre dans les fissures jusqu'à
plusieurs
km de profondeur. L'eau d'infiltration peut être d'ailleurs
réchauffée
au contact du magma puis remonter par thermosiphon en se chargeant en
minéraux
pour donner des émissions hydrothermales. Les minéraux
d'origine
anhydres, trés pauvres en eau, sont transformés en
silicates
hydratés comme les chlorites, le talc, les zéolites, la
serpentine.
La teneur en eau de la croûte altérée monte
à 1
à 2%. De plus, des sédiments gorgés d'eau se
déposent
sur le fond. Cette croûte enrichie en eau est alors
absorbée
dans les zones de subduction. Elle se réchauffe et se
déshydrate.
Une partie de l'eau de la croûte est ainsi
réinjectée
dans le manteau, qui est estimée à 5 à 16 1011 kg par an.
Les volcans des zones de subduction et ceux des
points chauds
apportent également de l'eau du manteau sous forme de vapeur. Ce
type
de volcanisme émet un volume de produits volcaniques faible par
rapport
au fonctionnement des dorsales, excepté dans certains cas comme
celui
des Trappes du Dekkan où la quantité de laves et de gaz
émis
a été considérable, à la limite
Crétacé-Tertiaire:
on estime que ces éruptions auraient dégagé de 6
à
30 1015 kg d'eau
dans
l'atmosphère en quelques centaines de milliers d'années
et
modifié le climat du globe. Les volcans des zones de subduction
(Andes,
Indonésie, Japon...) émettent des produits qui
proviennent
de la fusion du manteau au dessus de la plaque plongeante
jusqu'à
150 km de profondeur. Cette quantité d'eau dégagée
se
soustrait à celle entrainée en profondeur par la
subduction
de la plaque plongeante. De plus on a observé des
émissions
hydrothermales froides dans les zones de subduction correspondant
à
la remontée de l'eau des sédiments et du méthane
issu
de la transformation des matières organiques. On
considère
néanmoins que dans les zones de subduction il y a plus d'eau qui
entre
dans le manteau qu'il n'y en a qui en sort.
Les volcans continentaux rejettent également
une
grande quantité de vapeur d'eau: les phases paroxysmales sont
généralement
accompagnées de fortes précipitations. Cette eau peut
être
d'origine profonde, comme c'est en général le cas pour
les volcans
des points chauds. Ce peut être également de l'eau
superficielle
qui s'est infiltrée, s'est réchauffée en
profondeur pour
remonter enfin par thermosiphon. Les geysers sont souvent de ce type.
La
composition isotopique renseigne sur l'origine de l'eau. En France, les
sources
d'eau minérale ont une eau dont les rapports isotopiques
attestent
l'origine météorique et non juvéniles comme
certaines
publicités le laissent supposer.
Figure 6: Teneurs en Oxygène 18 des
précipitations
en France, d'après BLAVOUX et LETOLLE: la teneur du d 18O diminue vers l'Est.
L'examen des enregistrements sédimentaires montre que le volume d'eau contenue dans les océans a peu varié depuis le dernier milliards d'années, tout au plus de 10% (soit 1,4 1020 kg); la surface des aires continentales a subi peu de changement depuis l'orogénèse hercynienne, qui s'est terminée vers - 250 millions d'années. Il est probable qu'aux premiers temps de l'histoire de la Terre, le dégazage du manteau était trés actif et l'apport d'eau en surface était prédominant. Depuis un milliard d'années, le cycle de l'eau est à l'état stationnaire et la quantité d'eau réintroduite dans le manteau est compensée par celle qui sort des dorsales. Bien qu'il y ait constamment échanges d'eau entre le manteau et la surface, avec des vitesses de transfert trés lents et des temps de résidence atteignant plusieurs centaines de millions d'années, le stock d'eau disponible sur la Terre peut être considéré comme constant.
L'exploitation des ressources en eau existe depuis les temps préhistoriques: de grands travaux d'irrigation, de protection contre les crûes ont été entrepris chez les civilisations de Mésopotamie, d'Egypte, de l'Indus... sans qu'ait été établie la relation du ruissellement avec précipitation et évaporation. "Tous les fleuves vont à la mer, et pourtant la mer n'est pas remplie" (Ecclesiaste). Les Grecs également s'interrogeaient sur le fait que le niveau de la mer restait constant bien que les fleuves apportent de l'eau continuellement; ils l'expliquèrent par une sorte de remontée capillaire de l'eau de mer vers les sources avec perte du sel. Pour établir le cycle hydrologique, il a fallu connaître les formes d'existence de l'eau dans la nature: océans, rivières, lacs mais également glaciers, sols, air, eaux souterraines. Il a fallu également quantifier les volumes et les flux d'eau. Les premiers bilans hydrologiques ont été évoqués, d'abord de façon inexacte, à la Renaissance: des personnages comme Léonard de Vinci et Bernard Palissy ont réalisé de nombreuses observations et mesures, mais il faut attendre le 17ème siècle pour arriver à une formulation exacte.
Pierre Perrault publia en 1674 un traité intitulé "De l'origine des fontaines". A partir de l'évaluation des débits superficiels dans le haut bassin de la Seine et du volume des précipitations, il arriva à l'hypothèse que les débits des rivières avait leur origine dans l'importance de précipitations. Edme Mariotte poursuivit les travaux de Perrault sur le bilan hydrologique de la Seine à Paris, c'est à dire sur un bassin versant beaucoup plus vaste et développa une méthodologie pour mesurer les vitesses d'écoulement et les débits dans son "Traité du mouvement des eaux et des autres corps fluides" en 1686.
Edmond Halley, en Angleterre en 1690, s'interessa à la mesure de l'évaporation permettant d'expliquer ainsi le déficit d'écoulement mis en évidence par ses prédécesseurs. Il établit la première synthèse hydrologique régionale en rapprochant la moyenne des précipitations annuelles et le débit de la Thamise. Il était enfin établi que les rivières, les sources et les eaux souterraines étaient alimentées par les précipitations.
Le XVIIIème siècle traita surtout de la mécanique des fluides et de l'hydraulique: formule de Chézy pour calculer le débit d'un cours d'eau, pièzomètre de Bernouilli, moulinet de Woltmann. Les eaux souterraines furent particulièrement étudiées au XIXème siècle. Les fondements de l'hydrogéologie moderne furent posés par Darcy en 1856.
Figure 8:. Le cycle hydrologique (d'après EAGLESON in DE MARSILLY)
Remarques:
Formule de Chézy: écoulement dans un chenal
u = C (h.s)1/2 u: vitesse moyenne; C: coefficient de friction
h: profondeur s: pente
Formule de Darcy : écoulement dans un milieu poreux
Q = k.A.h/l Q: débit A: section
h/l: perte de charge hydraulique
La planète Terre est surtout recouverte par l'eau des océans qui constituent près de 70% de la surface totale. Cette eau est surtout salée et l'énergie solaire permet le fonctionnement de l'usine de dessalement planétaire qui produit par évaporation et condensation l'eau douce indispensable à l'homme.
La quantité d'eau douce disponible est faible par rapport à l'eau totale, ce qui pose et posera problème à l'humanité dans les années à venir. Cette eau douce est constamment recyclée; elle s'évapore des océans, se condense et circule pour retourner finalement dans l'océan. Les flux d'eau douce sont intenses (tableau 1-A). Elle est stockée temporairement dans des réservoirs à l'état solide (neige, glace), liquide (eau de surface, souterraine, organismes) ou gazeuse (atmosphère) pendant des durées variables (tableaux 1-B et 1-E). L'activité biologique humaine dépend étroitement de ce flux d'eau (tableau 1-C).
Le besoin biologique d'eau a commandé toute l'évolution des civilisations humaines. En 1985, 75% de la population urbaine du monde étaient connectés à un réseau de distribution d'eau potable, contre 36% de la population rurale. La fourniture d'eau potable varie de 50 l/jour par habitant (quartiers pauvres)à 400 l/jour (villa luxueuse). La production industrielle demande également une grande quantité d'eau pour traiter les matières premières, les transformer et produire de l'énergie (tableau 1-D). L'agriculture est aussi un grand consommateur avec l'irrigation. La modification directe du cycle hydrologique par l'homme est à la fois considérable et étendue.
Le lieu de stockage le plus grand est l'océan, alors que l'eau des organismes est infime. Néanmoins, il faut également considérer le temps de résidence des molécules d'eau dans les réservoirs ou le temps de renouvellement de l'eau. L'atmosphère et les cours d'eau stockent trés brièvement les molécules d'eau: les quantités d'eau peuvent varier trés rapidement, alors que les eaux des glaces et des nappes souterraines sont des eaux fossiles. L'impact de la pollution sera plus grave, voire irréversible à l'échelle humaine pour un aquifère (cas de la pollution de la nappe de la craie par les nitrates) tandis que celle d'une rivière sera vite traitée et oubliée (cas de la pollution chimique du Rhin par pour une usine du groupe Sandoz dans les années 80). Le mécanisme d'autoépuration dépend en grande partie de la vitesse de renouvellement des molécules d'eau dans le réservoirs.
Nombreuses sont les évaluations de la capacité des grands réservoirs du globe. Le tableau 1-F donne les chiffres calculés par les auteurs soviétiques.
On voit que la majeure partie de l'eau douce est stockée dans la glace des pôles et des glaciers. Cette forme de stockage intervient peu dans l'approvisionnement en eau de l'homme; elle a en revanche un effet déterminant sur le climat en augmentant l'albédo des hautes latitudes et donc en diminuant la quantité d'énergie solaire retenue. La circulation atmosphérique mondiale est commandée par le bilan thermique global.
L'eau souterraine en revanche constitue la principale source exploitable d'eau potable, mais sa sur-exploitation et sa pollution sont maintenant d'actualité. De nombreux pays ont entrepris des programmes de protection des eaux souterraines pour tenter de sauvegarder ce qu'il reste de la ressource Les lacs sont des réservoirs d'eau douce trés vulnérable à la pollution et à la surexploitation, phénomène qui vont souvent de pair: c'est le cas du Lac Baïkal, le plus grand réservoir superficiel d'eau douce, mais désormais non potable, des Grands Lacs américains, fortement pollués par les rejets industriels, de la Mer d'Aral, en grande partie asséchée par les travaux d'irrigation en amont et polluée par les pesticides utilisés a forte dose dans la culture du coton.
L'eau de l'atmosphère est en faible quantité (1 partie pour 100 000 de l'eau de surface), elle constituerait une couche uniforme de 25 mm sur la surface du globe, mais sont rôle est essentiel dans le transfert de l'eau. L'eau atmosphérique intervient dans le transport des substances ioniques, en particulier des chlorures et des sulfates, d'origine naturelle (océans) ou humaine (pluies acides).
Les interventions humaines affectent l'eau des
rivières,
des zones humides et celle retenue dans les plantes. Les travaux de
drainage,
de chenalisation, de retenue, de déforestation modifie le temps
de
résidence de l'eau et l'évaporation. L'incidence sur le
climat
est décelable: des simulations ont calculé l'effet de la
destruction
de la forêt amazonienne, phénomène en cours
L'eau atmosphérique est constamment recyclée. En effet, la quantité totale d'eau contenue dans l'atmosphère est suffisante pour alimenter en pluie le bassin de l'Amazone en un an: s'il n'y avait pas de renouvellement, le reste du globe serait un désert. Pour une moyenne annuelle de 1030 mm de précipitation, le temps de résidence de l'eau atmosphérique est de 9 jours; le cycle est entretenu par l'énergie solaire.
Le climat et le cycle de l'eau sont étroitement
associés.
On parle beaucoup actuellement d'effet de serre et de modification
globale
du climat de la Terre. Les projections dans le future s'appuient
notamment
sur les changements des climats passés déduits des formes
de
relief, des sédiments ou des restes organiques. Les
modifications les
plus impressionnantes qu'à connues l'humanité sont celles
des
périodes glaciaires du début du Quaternaire: l'extension
des
calottes glaciaires aux pôles s'est accompagnée du
déplacement
des ceintures climatiques et des précipitations. Des auteurs ont
pu
reconstituer les variations des précipitations et du
ruissellement
superficiel en Angleterre et au Pays de Galles pendant les 8500
dernières
années. Les précipitations ont été plus
faibles
à l'époque boréale et au petit âge
glaciaire, elles
ont été plus abondantes pendant la période
atlantique.
Des modifications climatiques et du bilan hydriques de courte
durée
ont existé dans le passé récent.
Nous disposons de trés peu de données et de méthodes pour prévoir l'évolution climatique et le bilan hydrologique du futur, suite aux modifications apportées par l'homme à l'atmosphère (augmentation de la teneur en CO 2, accumulation de produits de synthèse comme les CFC...) Un bon résumé de la question a été proposé par Choisnel (1999). Des modèles atmosphériques globaux ont été construits mais ils sont trés mal calés car nos connaissances concernant la quantification des cycles de matière et d'énergie sont encore insuffisantes: en particulier il n'est actuellement pas possible de mesurer de façon précise les précipitations, l'évaporation, l'humidité des sols à l'échelle mondial. Un organisme international, l'International Pannel for Climatic Changes ou IPCC, se consacre à cette question.
Le bilan hydrique global établi par McBean (1984) dans le cas d'un changement climatique rapide minimise le rôle des calottes glaciaires dans les échanges d'eau avec l'atmosphère; leur rôle est au contraire déterminant dans la circulation des masses d'eau océaniques et des vents.
L'humanité a surtout altéré en qualité et quantité une fraction de l'eau mondiale totale, l'eau douce (bien que l'eau de mer commence à être atteinte). Or, les changements climatiques globaux dépendent des transferts de vapeur d'eau et d'énergie sur l'ensemble du globe. Le cycle de l'eau est lié au cycle de l'énergie; les recherches actuelles portent en particulier sur l'influence des nuages, un des composants du cycle de l'eau, sur le réchauffement par effet de serre.
Une autre préoccupation est d'estimer les besoins et les ressources en eau dans le proche futur. Les ressources mondiales disponibles en eau douce sont estimées à 25 000 km3, compte-tenu des technologies actuelles. Le besoin annuel global par habitant est évalué à 1000 m3 (en prenant en compte les demandes de l'agriculture et de l'industrie). A présent, les ressources sont 8 fois plus grandes que les besoins. Ce rapport diminuera avec l'augmentation de la population mondiale et des besoins individuels.Un calcul fait sur 30 ans montre l'augmentation de la demande (Tableau 1-H).
annexe: la pénurie d'eau potable au Mexique
Ces modifications résultent essentiellement du changement dans l'utilisation des sols en agriculture. Il faut tenir compte des cultures avides d'eau, comme le riz et la canne à sucre, et du développement de l'irrigation et des fournitures d'eau domestique, avec les pertes inhérentes (en particulier par évaporation dans les réservoirs et fuites dans les canalisations). Le développement de l'agriculture augmente peut-être l'évaporation mais il ne faut pas négliger l'impact de la destruction de la forêt équatoriale.
annexe: quelques chiffres concernant l'irrigation
Ces bilans ne tiennent pas compte de la pollution, et donc de la perte, d'une portion de plus en plus grande de l'eau douce, et de la distribution géographique de la ressource. En régions tempérées comme la nôtre, il n'y a pas de problème crucial d'eau, au moins en quantité, même en période dite de sécheresse, quoiqu'en disent les média. Le niveaux des grandes nappes retouvent vite leur état initial après un hiver pluvieux. Le problème porte surtout sur la qualité de la ressource qui a été impunément polluée pendant ces cinquante dernières années: rejets industriels incontrôlés, utilisation massive de produits phyto-sanitaires. Il est malheureusement trés révélateur que le Nord de la France ne dispose plus d'eau potable en quantité suffisante alors qu'il possède un des plus grand aquifère européen, celui de la craie, dont l'eau est maintenant rendue en grande partie non potable par la pollution induite par les nitrates et les pesticides.
Il n'en est pas de même dans les régions de la ceinture aride de la planète, comme les pays du Sahel. L'aridification est un phénomène historique progressif et les précipitations sont insuffisante pour alimenter les nappes vives. Les forages profonds prélèvent dans les nappes fossiles qui ne sont plus alimentées actuellement (cas de la nappe des grès du "Continental intercalaire" saharien). Cette pratique demande une politique raisonnée de l'utilisation de l'eau pour économiser et faire perdurer une ressource limitée (techniques d'irrigation adaptées à la forte évaporation). Les grandes retenues hydrauliques de prestige, comme le barrage d'Assouan, correspondent à un énorme gaspillage de l'eau par évaporation. Il paraît évident que le développement de l'irrigation aura une influence importante sur le cycle global de l'eau. A titre d'exemple, l'irrigation par aspersion des cultures comme le maïs dans nos région augmente l'évaporation et peut favoriser le lessivage du sol et le transport en profondeur des produits phyto-sanitaires, jusqu'à la nappe.
REFERENCES
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Brooks K.N., Ffolliott P.F., Gregersen H.M. et Thames J.L. (1991) - Hydrology and the management of watersheds. Iowa state univ. press, Ames, Iowa.
Cassé M. (1990) - Généalogie céleste de l'eau. Le grand livre de l'eau. Cité des Sciences, La Vilette
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Gillet P. (1993) - L'eau du manteau terrestre. La Recherche, n° 24, p. 676-685.
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Maidment D.R. (1992) - Handbook of hydrogeology. Mc Graw Hill.
Murakami M., Hirose K., Yurimoto H., Nakashima S. & Takafuji N. (2002) – Water in Earth's lower mantle. Science, 295, p. 1885-1887.
Newson M. (1994) - Hydrology and the river environment. Clarendon Univ. Press, Oxford.
Omont A. et Berteaux J.L. (1990) - L'eau dans le
cosmos.
La Recherche, 21, p. 557-562. Pomerol C. et
Renard M.
(1995) - Eléments de géologie. A. Colin.
Gillet P. (1999) - L'eau sur Terre: réservoir et cycles. www.ens-lyon.fr/DSVT/AGREG_SVT.
http://www.unesco.org/water/wwap/pccp/case_studies.shtmlTABLEAUX
précipitations |
1-100 kg/m2 |
infiltration |
50 kg/m2 |
évapo-transpiration |
1 kg/m2 |
rivières |
0,01 kg/m2 |
Tableau 1-A. Flux d'eau douce à la surface du globe (moyenne horaire globale, d'après Newson, 1994)
atmosphère |
8-10 jours |
océans et mers |
4000 ans |
lacs (naturels et artificiels) |
2 semaines |
rivières |
2 semaines |
zones humides |
des années |
organismes |
1 semaine |
sols |
2 semaines-1 an |
aquifères |
des jours à des 1000 ans |
glace |
10 ans à des milliers ans |
Tableau 1-B. Temps de résidence moyens de l'eau (Newson, 1994)
réservoirs: |
corps: 66% d'eau |
|
dont cerveau: 85% d'eau. |
flux: |
|
gains |
boissons: 50% |
|
aliments: 40% |
|
autres: 10% |
pertes: |
|
|
respiration: 15% |
|
transpiration: 25% |
|
urine et féces: 60% |
|
|
* la perte de 20% de l'eau corporelle entraîne la mort |
|
Tableau 1-C. Usage de l'eau par l'homme (Newson, 1994)
production |
tonne d'eau consommée * par tonne de produit |
aluminium |
120 |
automobile |
200 |
papiers |
1000 |
acier |
2500 |
pneus |
2600 |
Tableau 1-D. Utilisation d'eau par l'industrie (d'après Newson, 1994)
(* cette eau n'est pas consommée au
sens strict
puisqu'elle retourne au milieu naturel après usage, mais souvent
polluée.
)
STOCKAGE |
FLUX |
atmosphère |
|
océans et mers |
précipitations |
lacs (dont artificiels) |
évaporation |
rivières |
ruissellement et chenaux |
zones humides |
vents |
sols |
infiltration |
aquifères |
percolation |
glace et neige |
écoulement souterrain |
organismes |
|
Tableau 1-E Stockage et Flux d'eau à l'échelle du
globe
Tableau 1-F: Capacité des grands réservoirs (d'après les travaux soviétiques repris par l'UNESCO)
période |
âge (B.P.) |
précipitation (%) |
ruissellement (%) |
Boréale |
8 500 |
92-95 |
86-91 |
Atlantique |
6 000 |
110-115 |
11-122 |
Sub-boréale |
4 000 |
100-105 |
98-108 |
Sub-atlantique |
2 900-2 450 |
103-105 |
106-110 |
Optimum |
850-700 |
103 |
102 |
Peit âge glaciaire |
640-300 |
93 |
89 |
période chaude récente |
100-50 |
99 |
98 |
Tableau 1-G. Moyenne des précipitations et du ruissellement en Angleterre et au Pays de Galles au cours des temps préhistoriques et historiques (estimation de Thom et Ledger, in Newson, 1994)
|
1970 (km3) |
2000 (km3) |
cycle hydrique |
|
|
précipitations sur terre |
110 300 |
110 300 |
ruissellement controlé |
14 000 |
22 500 |
ruissellement |
26 800 |
20 500 |
sols et nappes |
83 500 |
89 800 |
évaporation |
71 500 |
72 800 |
|
|
|
consommation (*) |
|
|
fourniture d'eau |
600 |
1 500 |
irrigation |
2 800 |
4 000 |
énergie hydraulique |
170 |
500 |
(*) compte tenu des pertes
(fuites,
évaporation...)
Tableau 1-H. exemple de prospective faite
en
1979: Ressource et utilisation de
l'eau
douce entre 1970 et 2000
dans le cas d'un climat inchangé
(d'après
L'vovitch, 1979). Il serait interessant de comparer cette
prévision
avec les valeurs observées en 2000...
Jacques Beauchamp