LA BAIE DE SOMME
Cette vaste étendue estuarienne (70 km2) est soumise à un régime tidal important (marnage de 9-10m ; vitesse des courants 2 m/s) où domine le flot. En effet, celui-ci est plus rapide que le jusant, cette dissymétrie des courants de marée expliquant en grande partie le colmatage de la Baie de Somme. A chaque marée, une quantité importante de sédiments reste piégée préférentiellement sur la rive Sud du fait de la morphologie de la Baie et de la faiblesse des courants de jusant. Les masses d’eau mises en mouvement sont considérables (d’une centaine à plus de 350 millions de m3 selon le marnage en prenant en compte le delta externe).
Un rétrécissement entre les ports du Crotoy et St
Valery
isole deux grandes parties: une baie externe ou voie de Rue ouverte
vers
le large, une petite baie à l’est en grande partie
colmatée
de nos jours (Figure 16a).
Figure
16a: Deux aspects de la Baie de Somme à marée basse.
Present morphology of the Somme
Estuary (low tide).
L’entrée de la Baie est soumise à un fort hydrodynamisme responsable de la formation de mégarides sableuses. Cette zone d'estran sableux est incisée par des "passes" (chenaux de marées) divagantes qui se prolongent vers le fond de la Baie et où s'engouffrent les courants de flot et de jusant (Binet, 1994b). En direction du large s ’étend un prisme sédimentaire d’une largeur maximum de 20km et d’une dizaine de mètres d’épaisseur composé de sable fin qui constitue le delta externe de la baie. Ce sont ces matériaux que le flot entraîne une partie dans la baie. Entre la Maye et le Crotoy, la côte exposée aux houles issues de l’Ouest est engraissée par la migration et l’accolement de barres de tempête bioclastiques.
En zone abritée (principalement en arrière du poulier du Hourdel et en fond de Baie) la sédimentation est plus vaseuse. Ces sédiments anoxiques sont riches en matière organique. Sur ces dépôts fins, se développe rapidement une végétation pionnière (Obione) dont les systèmes racinaires stabilisent le substratum. Le schorre, zone située au dessus du niveau moyen des pleines mers où les végétaux sont bien implantés, est parcouru par des chenaux de marée fixes; la slikke est une zone plus instable, vaseuse et colonisée par quelques végétaux supérieurs (Salicorne uniquement). Un voile brunâtre à la surface des sédiments du schorre et de la slikke est constitué par des diatomées benthiques de petite taille (10 µm) du genre Navicula (Badaire, 1994). Ce voile algaire, très cohésif, piège les particules fines qui sédimentent lors de l'étale et empêche leur remobilisation par le courant de jusant. Ainsi, à chaque marée, une fine couche sédimentaire est piégée et protégée de l'érosion par ces tapis algaires. La sédimentation est importante en fond de baie comme l’atteste l’extension du schorre ainsi qu’à l’embouchure de la Maye, extension favorisée par la charge en nitrates des eaux douces.
Une autre plante invasive qui favorise le colmatage de la baie est
la Spartine. Celle-ci se développe sur la slikke sableuse et
exhausse le niveau de l'estran par accumulation de sédiments
à son pied. La slikke se transforme d'abord en schorre à
butte puis d'autres végétaux pionniers s'installent et
une mollière continue se constitue. Le rivage depuis
l'embouchure de La Maye jusqu'à la plage du Crotoy est
particulièrement affecté. Des campagnes d'arrachage sont
entreprises depuis plusieurs années. L'efficacité de
l'arrachage dure 3 ans environ tandis que poussent à la place
des Salicornes, plantes pionnières dont
l'intérêt économique est apprécié. La
culture de Salicornes est d'ailleurs entreprise sur l'autre rive de la
baie, entre Cap Hornu et Le Hourdel, après arrachage des Obiones.
La surface marine de la baie ne cesse de diminuer depuis les temps
historiques
(Binet, 1994). Les digues successives, ou renclôtures, ont permis
de gagner des terres exploitables au dépend du domaine marin. En
1965, la construction d'une recouverte à marée haute
(digue submersible) à Cap Hornu, afin de stabiliser le chenal
d'accès au port de St Valery, a eu pour effet
d'accélérer le colmatage de la partie ouest de la baie.
L'endigage de 200 hectares
à
partir de la Pointe de St Quentin entrepris en 1961 a réduit
d'autant la superficie de la Baie de Somme au Nord. Son but initial
était
de gagner des terrains pour l'agriculture (maraîchage,
horticulture).
Ces polders ont servi par la suite en grande partie pour l'installation
du Parc Ornithologique. Ce reprofilage de la côte au Nord de la
Baie
de Somme a grandement modifié l'hydrodynamisme. Le recul de la
Pointe
de St Quentin était évaluée de 4 à 7 m par
an jusqu'aux travaux d'endigage. Depuis cette région est devenue
une zone de sédimentation: un banc sableux, l'Ilette, s'est
installé
au large de la pointe, protégeant une "pseudo-lagune"
où se développe la végétation (Dupont,
1981;
Beauchamp et Charpentier, 1994). En revanche, la zone d'érosion
s'est déplacée le long de la digue du Parc
Ornithologique.
Cette digue sableuse, de 8 à 12m de hauteur, subit les attaques
de la mer et ne peut être maintenues que par des travaux
réguliers:
rechargement de sable, barrière en rondins de pins et depuis 1a
tempête de 1990, gabions métalliques garnis de galets qui
jouent le rôle d’enrochement. Des améliorations
successives
ont permis de réaliser un ouvrage dont la résistance
à
l’action des vagues est dans l’ensemble acceptable (Caron, 1995).
Figure 16c: extension des
mollière a l'ouest de la baie depuis la construction de la digue
submersible.
Ce processus inexorable de colmatage diminue les surfaces favorables aux développement des coquillages, source de revenu importante pour les habitants, et rend de plus en plus délicat l’accès aux ports. Si l’accès au port de Saint Valéry est encore acceptable, grâce à de nombreux travaux d’endigage fixant le chenal de la Somme depuis le siècle dernier, il n’en est pas de même pour le port du Crotoy dont le chenal se réhausse au point de ne plus permettre le passage des embarcations que pendant un court laps de temps à marée haute. Cette situation est ancienne puisque déjà au milieu du siècle dernier il avait été proposé de détourner les eaux de l’Authie pour renforcer l’écoulement dans le chenal d’accès (Lefils, 1858). La construction d’un bassin de rétenue a fourni une solution par l’effet de chasse qu’il produisait à marée basse. Ce bassin a été entretenu jusqu’à nos jours par des curages successifs. Quant au port du Hourdel, établi à l’entrée de la baie pour raccourcir la voie d’accès et minimiser les impacts de l’ensablement, la progression du poulier, la déviation du chenal, l’extension des mollières et le colmatage vaseux rendent également problématique son exploitation.
Plutôt que de se confiner à des interventions d’urgence
ponctuelles, il a paru indispensable de conduire une étude
synthétique
globale sur l’ensemble des processus hydrosédimentaires
intervenant
dans la baie pour arrêter ensuite une stratégie
concertée
d’intervention. Une campagne de mesures en nature, comportant notamment
des levés topographiques actualisés et précis, a
été
poursuivie à partir de 1992; ses résultats ont permis de
construire un modèle analogique de la baie sur lequel ont pu
être
reproduits les phénomènes hydrauliques et
sédimentaires
et prévues les grandes tendances évolutives.
Figure
17: Enregistrement marégraphique dans le port de St Valery
(SOGREAH,
1995). Tidal cycles in the harbour of St Valery.
Les mesures effectuées entre 1992 et 1993 pour établir et caler le modèle confirment les données hydrodynamiques précédemment acquises (SOGREAH, 1995).
La provenance de la houle au large est comprise entre 250° et 280°N ; elle subit une réfraction à l’entrée de la baie pour s’orienter 260-290°N; sa hauteur annuelle extrême est de 4 m. Dans la baie, des creux de 1 m sont observés.
Figure 18a: cotes de la marée en Baie de Somme
(d’après
SOGREAH, 1995). Tidal amplitude in Baie de Somme.
Figure 18b: Mesure du marnage en
Baie de Somme . Tidal amplitudes in Baie de Somme.
Le marnage est important; la cote maximale atteinte est estimée à 6,30 m IGN69. l’amplitude extrême est estimée à 11 m, en référence à la valeur calculée au port de Dieppe, avec une période de retour de 100 ans. La durée du flot est courte, 2-3 heures, l’étale de haute mer brève, le jusant et l’étale de basse mer complétant la durée du cycle de marée. Contrairement à ce qui était supposé, une légère augmentation de l’amplitude est mesurée en fond de baie par réflexion de l’onde qui provoque un phénomène de résonnance (Figure 18a et 18b). Le déphasage de l’onde de marée atteint 25 minutes entre l’entrée (Le Hourdel) et le fond de baie.
Figure 19: courants de marée en Baie de Somme (d’après SOGREAH, 1995). Direction and Intensity of Flow and ebb currents in Baie de Somme.
Le flot provenant du NW intéresse d’abord la rive sud de la baie. La vitesse des courants de marée est maximale dans l’axe des chenaux. A l’entrée de baie, face au Hourdel, le courant de flot atteint 2,55 m/s en surface et 2,29 m/s au fond, ce qui montre l’importance du cisaillement et du transport par traction sur le fond). Le courant de jusant est plus faible mais au Crotoy, à l’entrée de la petite baie, on mesure encore 2,02 m/s au flot et 1,29 m/s au jusant (Figure 19 et 20).
Figure 20: Valeurs significatives des courants de flot et de
jusant
( d’après SOGREAH, 1995). Some values of flow and ebb velocities
in Baie de Somme.
Bien que l’apport d’eau douce provenant de la Somme et des autres
cours
d’eau soit faible (35 m3/s en moyenne), la salinité en
entrée
de baie n’est que de 30 pour mille au flot en vive eau et seulement de
25 pour mille en morte eau; elle descend à 12 pour mille en
morte
eau au Crotoy, ce qui laisse supposer qu’une masse d’eau
dessalée
persiste en fond de baie.
Figure 21a: matière en
suspension au large du Crotoy au cours d'un cycle de marée
(d'après documents SOGREAH). Variation of suspended matter in
water off Le Crotoy.
Figure 21b: Débits solides en baie (en tonnes par mètre de largeur) au flot et au jusant en fonction du coefficient de marée.( d’après rapports SOGREAH). Solid transport with respect to tidal amplitude.
Le remplissage de la baie est fait principalement de sable fins homogènes dont la médiane est à 0,17 m. Les sables sont moins fins à l’entrée de la baie (médiane à 0,24 mm) alors que la vase prédomine dans les mollières (plus de 70%). Ce sable est transporté en suspension; la charge atteint 50 kg/m3 ou 10 kg/s par mètre de largeur à l’entrée de la baie pour des courants supérieurs à 2 m/s. A l’ entrée de la petite baie, au large du Crotoy, le flux entrant a été évalué à 0,54 t/m alors que le flux sortant était de 0,30 t/m en marée de vive eau, une différence de 0,24 t/m restant dans la petite baie (SOGREAH, 1995) pour un cycle de marée (Figure 21).
Figure 21b: courbes granulométriques de deux
échantillons
de sédiments prélevés en Baie de Somme
(d'après
LOQUET et al., 2000).
Figure 22: déplacement de la cote -5m IGN 69 entre 1878 et 1993 à l’entrée de la Baie de Somme (à partir des cartes traitées par SOGREAH). Surface diminution of the tidal delta at the entrance of Baie de Somme between 1878 and 1993.
L’exhaussement des fonds est une donnée constante depuis les
relevés de 1835. Elle est en moyenne de 2,3 cm/an depuis 1963.
Elle
accompagne la régression du delta de marée à
l’entrée
de la baie dont la largeur a diminué de 2 000 m: les
matériaux
entrant ont donc une provenance proche (Figures 22 et 23). La cote
marine
des chenaux est comprise entre +4 à + 6 m dans la grande baie;
elle
atteint +6 à + 7 m dans la petite baie. Entre les chenaux, les
fonds
remontent progressivement de + 6 m à + 10 m , soit +4,20 m
IGN69.
A partir de la cote marine +9 m, soit 4,20 IGN 69, les fonds sont
colonisés
par les végétaux du schorre (« mollières
»)
qui occupe une surface de 18 km2; l’extension des mollières est
très rapide: elles recouvrent désormais la majeure partie
de la petite baie; elles s’étendent en outre en rive sud entre
Cap
Hornu et Le Hourdel et s’installent actuellement au Sud de la Maye et
au
Nord du Crotoy (Figure 24).
Figure
23: variation de surface marine de la Baie de Somme entre 1878 et 1993.
Marine suface diminution of Baie de Somme between 1878 and 1993.
Figure 24: progression des mollières en Baie de Somme (1878-1993; SOGREAH, 1995). Shorre extension in Baie de Somme (period 1878-1993).
A la suite de plus de 2 ans de mesures en nature sur le site, la synthèse des données a abouti à la construction d’un modèle analogique à fond mobile. Ce modèle a été réalisé à l’échelle du 1/350 en plan correspondant à une surface de 60 km2 en baie. Il a été monté dans les locaux de la SOGREAH, près de Grenoble, et mesurait 48 m de long et 18 m de large. L’échelle des hauteurs a été exagérée près de 6 fois, la durée du cycle de marée ramené à 13minutes 20; les sables et vases naturelles étaient simulés par de la nacre artificielle et de la sciure de bois (Figures 25 et 26). Un cycle de pompage simulait le flot et le jusant, un générateur de houle produisait l’agitation, les sédiments étaient introduits à l’entrée du dispositif par une rampe perforée. Le fonctionnement de tous ces dispositifs était contrôlé par un programme informatique. Ainsi, l’évolution des fonds en une année était reproduite par 5 heures 20 minutes de fonctionnement du modèle. Le niveau des fonds était mesuré par des capteurs avant et après chaque essais.
Figure
25: Plan du modèle analogique. Model of Baie de Somme
constructed
by SOGREAH.
Figure 26 : Grandeurs caractéristiques du modèle
analogique.
Some data about the Baie de Somme modelling.
Après une phase de calage qui a consisté à reproduire l’évolution connue des fonds de la baie jusqu’en 1993, une série d’essais a été entreprise pour prévoir l’évolution de la baie jusqu’en 2013 (1) dans sa configuration actuelle, l’essai de référence, (2) en tenant compte des aménagements proposés par le comité technique pilotant l’opération.
Figure 27a: extension des mollières prévue par le modèle analogique de SOGREAH (1993-2013). Schorre progression according to modelling results.
Figure 27b: aspect de la baie en 2009: la progression des
mollières paraît plus rapide que prévu au large du
Crotoy (d'après document IGN).
Figure 28: taux de sédimentation prévu par le modèle en 20 ans (depuis 1993). Deposition rate predicted by modelling within 20 years (since 1993).
Le but premier de la modélisation étant de conserver et améliorer l’accès aux 3 ports de la baie, les essais ont consisté à étudier l’impact d’interventions comme: - la suppression de certaines renclôtures pour augmenter le volume oscillant - la construction d’ouvrages de guidage pour rectifier l’écoulement - l’installation de bassin de rétention pour produire un effet de chasse - le reprofilage et la gestion d’ouvrages existant. Les évolutions prévues ont été comparés à celle de l’essai de référence. L’essai de référence a confirmé la tendance à l’exhaussement des fonds qui atteindrait 3 cm/an dans la petite baie. L’emprise des mollières sur les fonds à cote supérieures à +4 m IGN 69 progresseraient de 15 à 16 ha par an, principalement entre Le Crotoy et St Valery. En 2013, la surface de celles-ci devrait s’étendre de 300 ha supplémentaires et ainsi couvrir près de 40 % de la surface totale de la baie (Figures 27 et 28). L’accès aux ports du Crotoy et de St Valery serait maintenu grâce à l’effet positif des lâchers d’eau et des chasses tandis que l’accès au Hourdel deviendrait problématique par avancée du poulier et installation des bancs de sables en rive droite de son chenal.
Les impacts apportés par les aménagements simulés dans les autres essais ont permis de retenir pour chaque site une proposition d’intervention. Ces propositions d’aménagement a été adopté par le Conseil Général de la Somme; la somme à y consacrer avait été estimée à 250 millions de francs.
Figure 29: Aménagements proposés pour le port du Crotoy. Proposed works at Le Crotoy harbour.
Figure 30: Aménagements proposés pour le port du Hourdel Proposed works at Le Hourdel harbour.
Figure 31: Aménagements proposés pour le port de St Valery. Proposed works at St Valery harbour.
Pour le port du Crotoy, il a été proposé que le
bassin des chasses soit
maintenu
à une surface de 42 ha, ses portes actuelles reprofilées
et une porte supplémentaire ajoutée en direction du port
de plaisance. Des ouvrages de guidage canaliseraient l’effet de chasse
(Figure 29). La porte
supplémentaire permettant l'effet de
chasse dans le port a été réalisée, les
deux portes principales ont été modifiées: chacune
est composée de d'une partie basse et d'une partie haute. Leur
fonctionnement permet de réduire le colmatage du bassin. La
partie basse reste en place au flot et limite l'entrée dans le
bassin des particules en suspension. Au jusant, les deux parties se
relèvent et libèrent l'eau avec les particules
accumulées sur le fond du bassin. De plus, la consolidation des
berges a été effectuée au moyen de gabions afin
d'éviter leur érosion. Le fonctionnement des portes est
maintenant perturbé par la corrosion et la fixation d'organismes
sur le mécanisme. Les deux parties restent solidaires et
l'entrée des sédiments n'est plus limitée. Le
colmatage devient important et une nouvelle campagne de curage est
envisagée (la dernière datant des années 90). Le
problème principale à résoudre reste le lieu de
stockage des sédiments prélevés, beaucoup trop
fins pour être utilisés en l'état.
La construction d’un bassin de chasse est proposée
pour le Hourdel (un bassin des chasses avait déjà
été
construit au siècle dernier). La pointe du poulier serait
maintenue
en son état actuel par extraction de galets et le port de
plaisance
réaménagé (Figure
30).
Le projet de bassin de chasse reste en suspend en l'absence de
financement suffisant. S'il est finalement réalisé, ce
sera probablement sous une forme "allégée", c'est
à dire sans ouvrage lourd. Un autre projet en concurence propose
de rendre au domaine marin une partie des polders du secteur portuaire
afin d'augmenter le volume marin oscillant
("dépoldérisation"). En l'état actuel, la D.D.E.
continue à prélever des galets sur le poulier et à
draguer le chenal afin de faciliter l'accès au port.
Le projet d’aménagement du port de St Valery portait sur
l’augmentation
du pouvoir de chasse par le canal maritime et l’extension de la digue
basse
en rive droite pour concentrer les écoulement venant du Nord et
de l’Est (Figure 31). En fait,
seule la modification des écluses
sur le fleuve Somme a été réalisée à
ce jour. Deux systèmes d'écluses isole un bief de
plusieurs centaines de mètres de longueur en amont du port. Leur
fonction pour l'instant consiste à retenir l'eau du fleuve
à marée basse et à faciliter l'écoulement
en cas de crue (suite aux grandes inondations de 2002). Par la
suite, le bief jouera le rôle de bassin de chasse.
Ces interventions dans l’ensemble paraissent assez conventionnelles,
puisqu’elles
ne font que reprendre les solutions antérieures qui, pourtant,
n’ont
eu que des résultats limités, mais pourrait’il en
être
autrement face à l’afflux permanent de nouveaux matériaux
dans la baie? On peut néanmoins noter avec satisfaction que la
construction
de nouvelles digues a été réduite: l’ensablement
ne
sera pas accéléré dans les zones
protégées
induites, comme cela a été le cas à Cap Hornu
après
la mise en place de la digue submersible (Dupont, 1981).
Néanmoins,
la seule réponse efficace au colmatage serait le
prélèvement
de matériaux. Mais se posent alors de nouvelles questions:
où?
comment? à quel prix? Tant que les techniques d’extraction
respectueuses
de l’environnement, les zones de stockage et l’utilisation de ces
matériaux
fins n’auront pas été définies, cette solution
restera
dans le catalogue des trop nombreuses propositions faites depuis
des siècles
(Lefils, 1858) pour lutter contre l’ensablement de la Baie de Somme.