Gwendoline Torterat

 

Depuis 2024, Gwendoline Torterat enseigne l’anthropologie au sein de l’UFR SHSP de l’université Picardie Jules Verne, à Amiens. Elle est membre de l’UR 4287 Habiter le Monde et membre associée de l’UMR 8068 TEMPS, à Nanterre.

 

Ses recherches portent sur les dynamiques du travail de recherche en archéologie, plus particulièrement lorsqu’il est question de la Préhistoire et de l’étude des premières traces d’activités humaine. Elles sont guidées par les résultats d’enquêtes ethnographiques menées sur des sites archéologiques plus ou moins menacés de disparition. Ses recherches sont également consacrées à l’étude des systèmes de valeurs qui découlent des travaux des archéologues et ce, sous l’angle de leurs spécificités culturelles et politiques. Elles adoptent une approche par les controverses afin de montrer comment la notion de risque qui pèse particulièrement sur le patrimoine de ces périodes anciennes réclame une compréhension fine et située des jeux d’acteurs sur la longue durée. Elles privilégient par ailleurs une comparaison de différents usages politiques du passé préhistorique à partir de terrains ethnographiques réalisés dans des contextes où l’histoire des « premiers hommes » est un enjeu fort de réappropriation et de pouvoir.

 

Ses choix de terrain se tournent premièrement vers l’archéologie de la France où elle travaille sur ces questions depuis douze ans : l’histoire de la Préhistoire européenne s’y est structurée à tous niveaux dès les années 1950, à travers ses institutions publiques de recherche fondamentale et appliquée, ses chantiers-école, ses méthodologies, etc. Ses choix de terrains se tournent deuxièmement vers les recherches archéologiques ailleurs dans le monde, en particulier au Proche-Orient (Israël et Palestine), sur les sites de fouille où sont découverts les plus anciennes traces d’habitat préhistoriques au monde.

 

D’un sens de la responsabilité aux valeurs patrimoniales

Le premier axe de ses recherches s’attache à replacer les enjeux spécifiques à la professionnalisation de l’archéologie préhistorique dans le cadre des travaux en anthropologie du travail et des sciences ainsi que par rapport aux recherches en anthropologie des techniques, en histoire des sciences et en archéologie qui ont développé des enquêtes ethnographiques afin d’analyser les spécificités du travail propres aux contextes de chantiers. L’avènement de nouveaux professionnels de l’archéologie diplômés et salariés de la fonction publique en France a entrainé la réorganisation des activités de travail des acteurs de l’archéologie à partir des années 1940. Elle a dès lors favorisé une progressive centralisation de l’autorité patrimoniale et participé à la transformation des modes d’organisation collective du travail de fouille. Elle cherche donc à en saisir les répercussions sur les activités concrètes sur les chantiers et l’ensemble des acteurs que l’on y retrouve, professionnels comme non professionnels.

En marge des institutions patrimoniales, le travail domestique et les pratiques amateures

Ses recherches s’attachent aussi à déplacer ses questions générales sur les dynamiques du travail propres à la recherche en Préhistoire dans d’autres espaces que les chantiers. En suivant la chaine patrimoniale des vestiges qui en sont extraits, elle cherche d’abord à décrire les enjeux du travail scientifique dans des espaces de vie professionnels et résidentiels, en montrant ce que l’anthropologie apporte de nouveau sur les sphères domestiques du travail et le genre. Cela l’amène aussi à décrire un monde d’amateurs en Préhistoire qui a participé au sauvetage de nombreux sites archéologiques sur leur territoire et ce, afin de rapprocher ces pratiques de travail hors travail du modèle de l’expertise.

L’institutionnalisation du patrimoine face aux usages politiques du passé

Dans ses travaux, elle décrit aussi d’autres espaces de travail où le passé archéologique est mobilisé, cette fois sous l’angle des controverses autour de la gestion du risque et des différentes formes de mobilisation collectives qui en découlent. Elle cherche d’abord à comprendre le rôle historique du mouvement associatif national en France afin de le comparer aux nouvelles formes de participation citoyenne mise en place par l’administration publique des sites, et ce sous l’angle des sociétés savantes. Elle s’attache par ailleurs à décrire les usages politiques du patrimoine, impliquant tout autant des affaires de destruction que des découvertes jugées décisives qui deviennent des outils de légitimation politique et culturelle. En étudiant à nouveau d’autres sphères sociales où le travail est mobilisé pour analyser et sauvegarder le patrimoine archéologique, l’enjeu est donc de décrire sous quelles autres formes des collectifs peuvent spontanément se construire ou refuser de s’engager autour d’un passé commun.

Les méthodes de l’enquête filmique en anthropologie

Sa formation à l’université Paris Nanterre dans le cadre du Master « Cinéma anthropologique et documentaire » a été décisive dans le développement de ses méthodes d’enquête puisqu’elle l’a incité à développer des modes d’observation et de description où l’image filmique joue un rôle clef.

Elle débute l’écriture et la réalisation de documentaires anthropologiques en 2021 avec « Madame Poulain » (21 mn) puis « Prendre l’Air (44 min) en 2023.

 

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Récompenses pour la valorisation de la culture audiovisuelle

2024 Lauréat. Prix du jury. Mention spéciale Les archéologues aussi. Pour le documentaire : Prendre l’air
Festival du Film d’Archéologie d’Amiens

2023 Lauréat. Pour la photographie n°399 (20 lauréats)
Concours La Preuve par l’Image, Association francophone pour le Savoir/CNRS

2023 Lauréat. Pour la photographie « Thérèse Poulain »
Concours de la Région Île de France, SNCF Gare & Connexions/DIM PAMIR
Exposition Gare de Versailles-Chantier, Hall 2 (SNCF Gare & Connexions/ DIM PAMIR)

2022 Lauréat. Prix du jury. Mention spéciale Mémoire de pionniers
Pour le documentaire : Madame Poulain. Festival du Film d’Archéologie d’Amiens

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Domaines de recherche : Anthropologie du patrimoine et de ses institutions ; Anthropologie du travail, des savoirs et des techniques ; Anthropologie visuelle et documentaire ; Genre et mobilité dans les professions scientifiques ; Sciences participatives et Citoyenneté ; Patrimoine archéologique et environnemental.