Sophie Chevalier a obtenu son doctorat en anthropologie à l’Université de Paris X-Nanterre (1992), après des études de droit à l’Université de Genève. Elle a séjourné deux ans en post-doctorat à l’Université de Cambridge, au Department of Anthropology (1993-1995). A son retour de Grande-Bretagne, j’ai été recrutée en 1996 comme maître de conférences à l’Université de Franche-Comté au département de sociologie. Mon expérience d’enseignement s’était enrichie grâce à des invitations à enseigner en Grèce (Summer School), au Brésil, en Suisse (Neuchâtel) et en Finlande (Helsinki).
De 1997 à 2001, elle a conduit des recherches en Bulgarie, dans une petite ville du nord-ouest, Tchiprovtsi sur le passage d’une économie planifiée à un autre système, observé à travers l’expérience quotidienne des individus. Elle y a donc étudié les stratégies économiques de survie des ménages qui étaient surtout centrées sur la production domestique et l’autoconsommation, et les échanges au sein des réseaux de parenté.
Entre 2004 et 2008, elle s’est engagée dans une recherche européenne KASS/Kinship and Social Security (6ème PCRD), coordonnée par l’Institut Max Planck. Il s’agissait alors de montrer l’articulation entre la solidarité familiale et la sécurité sociale, ainsi que l’irruption du marché, dans huit pays européens, dans une perspective à la fois comparative et historique.
Elle a ensuite conduit deux recherches plus centrées sur l’anthropologie urbaine. La première a donné lieu à un ouvrage publié chez Belin avec deux collègues, « Paris, résidence secondaire » (2013). Pendant la même période, elle a conduit une autre recherche en collaboration (2009-2011), issue d’un appel à projets de la mission à l’ethnologie qui portait la « composition » des commerces dans certains espaces urbains parisiens, et ce qui les caractérisent.
Depuis 2008, elle a entrepris une recherche de longue haleine en Afrique du Sud (à Durban dans le KwaZulu-Natal), grâce à deux bourses de l’Institut Français d’Afrique du Sud, sur l’émergence des classes moyennes, en articulant étude ethnographique de terrain et travail d’archives. Elle s’intéresse à la possible construction d’une identification de classe qui transcenderait le sentiment d’appartenance communautaire (ou raciale), qu’elle observe à travers les pratiques économiques du quotidien, comme l’approvisionnement et la consommation alimentaire, ou celles des usages de certains espaces urbains (front de mer, shopping malls, hippodromes, betting shops, immeuble d’habitations).
En 2014, elle a terminé son HDR, Pour une anthropologie politique des pratiques économiques, que présentée à l’EHESS. En septembre 2015, elle a été nommée professeur à l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens, rattachée à l’équipe Habiter le Monde UR4287.
Cette même année, elle a entrepris une recherche sur le monde des courses hippiques et des paris, dans une perspective d’anthropologie économique. Les transformations de ce monde et des groupes qui le composent offrent un point de vue sur les changements et les tensions qui traversent la société sud-africaine. Elle s’intéresse aussi à la configuration des réseaux qui se créent par la circulation des chevaux, des hommes et des paris, tout d’abord entre le monde urbain et rural, puis en partant de ce pays vers l’Asie-Pacifique ; et elle a mené en 2017 une petite enquête exploratoire à Hong Kong (au Jockey Club) en suivant mes informateurs sud-africains. Dans la poursuite de ces travaux sur les jeux d’argent et les paris, elle a inclus la France dans ma comparaison, grâce à un financement de l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Equitation) pour une recherche-formation sur les paris hippiques et les pratiques de jeux des parieurs dans les Hauts-de-France (2019-2023) conduite avec deux collègues en géographie avec les étudiants en master DyGiter sur le rôle des bar-PMU dans les zones rurales. Et elle a terminé une recherche sur les courses de lévriers pour la Mission au patrimoine ethnologique dans le cadre de l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel (PCI).
Sophie Chevalier s’intéresse aussi beaucoup à l’histoire des sciences sociales, plus particulièrement de sa discipline, son ouvrage sur Norbert Elias et l’anthropologie a été ré-édité en 2013. J’ai publié en 2015, Anthropology at the Crossroads : The View from France, qui était une commande du Royal Anthropological Institute (UK), et de nombreux articles sur le sujet.
Elle participe aussi activement à l’animation de l’anthropologie en France : elle a été présidente de l’APRAS (Association Pour la Recherche en Anthropologie Sociale), et membre du CA de l’AFEA (Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie), après avoir participé à sa création. Et elle a également participé à l’organisation des Assises de l’ethnologie et de l’anthropologie en France, en 2007. Elle a présidé jusqu’en 2023 la section d’anthropologie du CTHS (Comité des Travaux Historiques et Scientifiques) qui a organisé le congrès 2019 à Marseille sur le thème Le réel&le virtuel dont j’ai fait la conférence d’ouverture. Par ailleurs, la diffusion des connaissances lui tient toujours à cœur et j’y consacre une partie importante de mon temps professionnel : elle co-dirige la revue www.ethnographiques.org, qu’elle a participé à fonder en 2002, et elle est membre de quatre autres comités de rédaction comme Ethnologie Française, Social Anthropology/Anthropologie Sociale, Espaces&Sociétés ou encore Home Culture. Ainsi que de deux comités de lecture : l’un des collections Ethnologie de la France et Cahiers d’Ethnologie de la France, Ministère de la Culture/FMSH. Plus récemment, elle est devenue membre du comité éditorial international de la collection Human Economy chez Berghahn.