CREUSE
Les ravins boisés en milieux de grandes cultures
Contexte
Les creuses se définissent comme des ravins boisés, de profondeur métrique, de largeur décamétrique et de longueur kilométrique entaillant les vallons élémentaires des plateaux crayeux du nord du bassin parisien. De telles entités géomorphologiques dans un paysage de plateaux crayeux essentiellement dédiés à la grande culture constituent de véritables isolats pouvant abriter certaines populations d’espèces pour lesquelles les conditions climatiques ou d’utilisations du sol à l’échelle du paysage sont inhospitalières. En contexte de changement climatique, ce type de singularité topographique joue un rôle de refuge permettant ainsi à certaines espèces de subsister localement et de maintenir le niveau de biodiversité à une échelle plus large. Ces « refuges climatiques » peuvent également favoriser certaines interactions biotiques inexistantes ou limitées ailleurs. Les taux de parasitisme, en particulier, sont souvent corrélés à la température et l’humidité ambiante, notamment pour des parasites comme les nématodes dont les stades infectieux survivent dans le sol. D’importants changements épidémiologiques observés chez les nématodes parasites ont été mis en relation avec le réchauffement climatique actuel. Les creuses, en combinant un climat plus frais avec un écoulement intermittent qui « laverait » le sol des larves de nématodes parasites pourraient donc aussi constituer des « refuges épidémiologiques » contrastant avec les conditions rencontrées dans les milieux environnants.
Objectifs
Les objectifs du projet CREUSE sont, d’une part, de quantifier la variabilité climatique disponible localement, et d’autre part, d’étudier les effets directs et indirects (via les interactions biotiques) de cette variabilité climatique locale sur la biodiversité. La variabilité climatique locale est mesurée à l’aide d’un réseau de micro-capteurs enregistrant température et humidité (cf. hygro-boutons) à intervalles de temps régulier tandis que la biodiversité est étudiée au travers des plantes, carabes et nématodes parasites de carabes présents au sein de ravins boisés et isolés en territoires de grandes cultures. Les résultats de CREUSE feront la lumière sur la pertinence écologique des ravins boisés, jusqu’ici délaissés par l’homme.
Partenaires
Unité de Recherche « Groupe d’Etude sur les Géomatériaux et Environnements Naturels, Anthropiques et Archéologiques » (GEGENAA, EA 3795), Université de Reims Champagne-Ardenne, Reims (France)
Unité de Recherche « Ecologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés » (EDYSAN, FRE 3498 CNRS-UPJV), Université de Picardie Jules Verne, Amiens (France)
Prise de vue dans la Creuse de la Terre Rouge (Gercy, Aisne, France)
Piège Barber pour les carabes & micro-capteur/enregistreur à température et humidité posé sur un piquet de châtaignier
Exemple de relevé botanique sur un quadrat d’1m2