Colloque « Objets pour apprendre, objets à apprendre :
quelles pratiques enseignantes pour quels enjeux ? »
Amiens : 11-12 juin 2019
Appel à communications
Ce colloque se propose d’approfondir approfondir les réflexions initié initiées lors de la journée d’études « Objets pour apprendre, objets à apprendre » qui a eu lieu le 10 décembre 2014 à Amiens. Amiens Son but sera de déterminer la place et le rôle des objets mis au centre de pratiques enseignantes ordinaires ou innovantes, de la maternelle à l l’université, en France ou dans d’autres autres contextes nationaux. Il privilégiera une perspective transversale liée à une rencontre des domaines disciplinaires et confrontant les regards des praticiens, formateurs et chercheurs, ces statuts étant parfois cumulés par les mêmes personnes. Il prendra en compte les enjeux permanents et les changements majeurs à l’école et dans la société. Il s’intéressera intéressera aux objets que des enseignants utilisent, fabriquent, font fabriquer avec ou par leurs élèves, en sciences, en te technologie, en histoire, en géographie, en arts visuels ou tout autre domaine d’enseignement enseignement : discipline, matière, éducation à …
Nous considérons un objet comme un « objet pour apprendre » s’il est inscrit dans un projet d’enseignement-apprentissage. Le recours à un/ou des objet(s) résulte d’un choix opéré par l’enseignant, plus ou moins contraint par l’institution et, plus globalement, relève d’un choix pédagogique, voire politique. Cet objet doit être considéré à la fois dans sa matérialité permettant des rencontres sensibles et sous d’autres aspects – objet comme production, comme œuvre, comme signe…. – permettant différentes rencontres pratiques et intellectuelles. Il n’est généralement pas considéré seul mais au sein d’un ensemble plus vaste d’objets qui peuvent être mis en relation entre eux dans un système d’objets, de fonctions et d d’usages définis en dehors du contexte éducatif ou élaborés dans le passage au système éducatif. Par ailleurs, chaque objet est généralement pris dans un ensemble de rapports : du singulier au général, du contingent à l l’universel, de l’unicité à la collection ou série, de l’objet objet à la catégorie qui l’englobe ; le même terme désignant parfois ces différentes déclinaisons.
Ces « objets pour apprendre » sont aussi des « objets à apprendre » quand la visée d’apprentissage pour les élèves ou pour les enseignants est l’objet lui-même.
Le choix de ces objets, les usages que l’on en fait, les effets qu’on en escompte sont d’abord affaire de point de vue. Le statut et la nature des objets de la classe sont divers : certains existent en dehors de l’école, d’autres sont conçus spécifiquement pour des usages éducatifs voire scolaires ; il en est également qui restent des objets scolaires alors qu’ils sont obsolètes dans la vie courante (balance de Roberval, pile de 4,5 volts) ; inversement, il en est d’autres qui ont disparu des établissements scolaires (règle à calculer, machine à alcool et autres objets devenus vintage). Certains objets sont intégrés à la tradition scolaire et sont emblématiques de disciplines particulières (la carte de géographie murale, le compas, l’équerre, le microscope, la frise chronologique, les flashcards). Par ailleurs, la généralisation des technologies de l’information et de la communication légitime l’introduction ou l’intégration de nouveaux objets ou systèmes en classe.
Axe 1 -Les objets en classe : entre pratique et apprentissages, quelles attentes et quels apports ?
De nombreux objets sont présents à l’école ; les « leçons de choses » d’autrefois avaient vocation à décrire les choses naturelles et artificielles du milieu de vie et à désigner leurs parties ou composants, leurs conditions de croissance ou de fabrication ; puis il s’est agi de faire découvrir et comprendre le monde transformé par la modernité des années 1960, et aujourd’hui celui du XXIème siècle, qui connaît la prolifération des ordinateurs, clés USB, smartphones, tablettes.
Dans certains domaines, les pratiques et apprentissages reposent essentiellement sur la conception et la réalisation d’objets matériels ou non (fabriquer un objet en lycée professionnel, un petit vase en argile en maternelle, concevoir une production en arts plastiques, un texte en atelier d’écriture ou un livre-objet…). Objets importés en classe ou objets à concevoir, leurs rôles et fonctions scolaires, pédagogiques et didactiques méritent d’être interrogés.
En effet, il ne s’agit pas seulement d’introduire des objets en classe mais d’instituer une « pratique », une « manipulation » des objets par les élèves. De la lanterne magique au tableau blanc interactif les matériels de classe sont, ou ont été, le plus souvent manipulés par les enseignants. La critique selon laquelle les élèves seraient trop souvent relégués au rang de simples spectateurs est le fondement des « pédagogies nouvelles ». Ces approches se démarquent d’une conception idéelle de l’enseignement, héritée de la scolastique, où la parole et le texte sont censés suffire pour former les esprits. C’est précisément une inversion des rôles que proposent ces pédagogues: mettre la pratique concrète au service de la compréhension théorique, partir du concret pour aller vers l’abstrait.
On peut donc se demander comment introduire les objets comme « alliés » de l’enseignant et du formateur mais aussi « alliés » des élèves dans les diverses disciplines et en fonction des niveaux. En quoi leur introduction change-t-elle la manière d’apprendre comme celle d’enseigner ? Quelles pratiques mettre en œuvre pour qu’ils soient « passeurs » efficaces – ce qui implique que les élèves puissent eux-mêmes intervenir dans le dispositif grâce aux objets. Comment prendre le temps nécessaire du contact avec l’objet sans formaliser trop tôt ce que l’enseignant vise ?
Tous les objets « pour apprendre » ne se trouvent pas dans la salle de classe, ce qui nécessite des sorties (visites de musées divers, de lieux de mémoire, de sites industriels, parcours urbains, observation de sites naturels…) : qu’apportent ces moments passés hors de la classe ? Comment s’articulent-ils avec des moments plus « ordinaires » dans la classe ? Quels objets les élèves y rencontrent-ils ? Pour quels apprentissages ? Avec quelle médiation de l’enseignant seul ou en collaboration avec un intervenant extérieur ? Quelles traces les élèves en gardent-ils ?
Axe2 – Objets, langages, modes de pensée : quels enjeux pour enseigner et apprendre ?
Les objets « pour apprendre » sont en même temps des objets matériels et des objets discursifs, qui donnent forme à des représentations multiples. Pris en charge par le(s) langage(s), les objets sont dotés d’une autre existence ; ils sont nommés et catégorisés (« normés ») ; ils sont décrits et détaillés (« démontés ») ; ils sont pris dans divers « récits », celui de leur fonctionnement, de leur réalisation mais aussi ceux, nombreux, de leurs utilisations par chacun ; ils deviennent supports de sensations et d’émotions, symboles, images et sont reliés à d’autres objets, d’autres réalités, acquièrent des fonctions de figuration, de métaphore : le caillou devient personnage dans le jeu symbolique, cristal en physique, unité de compte en jeu d’awalé, image de la non-conscience en philosophie, thème en poésie, etc.
Quelle attention accorder, en contexte d’enseignement-apprentissage, aux discours sur les objets ? Quels rôles jouent-ils ? La mise en mots des objets, inévitable et indispensable, est-elle accompagnement ou contribution à la construction d’objets en classe ? Quel équilibre trouver, entre le travail sur l’objet lui-même et les discours (individuels ou collectifs et sociaux) qui l’accompagnent, pour qu’il n’y ait pas substitution de l’un à l’autre ? On pourrait penser qu’il suffirait de parler d’un objet pour le faire exister mais alors à quoi bon toucher et palper les objets ? Pour tisser un réseau de relations entre réel et symbolique, ne faut-il pas sensibiliser les élèves – mais seulement de façon implicite – aux différents états d’existence d’un objet : objet original, icône, simulacre, copie, photographie, etc. ? L’idée d’objet « pour apprendre » envelopperait l’idée d’un objet forcément un et multiple, à la fois différent quoique identique à soi, etc.
Axe 3 – Objets à inventer et à concevoir : pour quelles socialisations ?
Dans les écoles d’ingénieurs, les universités, les Hackers Spaces se multiplient; dans ces lieux les personnes se retrouvent pour réparer, bricoler et inventer : les objets sont à la fois une source d’inspiration, et de réflexion et en même temps témoignent d’une façon de penser la technique sous une autre forme qu’industrielle. Si l’industrie actuelle nous fournit en abondance des objets bien pratiques, le côté pratique de ces objets peut nous faire oublier l’importance de « la » pratique. En proposant aux élèves des pratiques techno-citoyennes permettant de voir et comprendre ce qui se passe au cœur des objets technologiques il est sans doute possible de changer le rapport à la technologie.
L’objet est médiateur et permet à des gens de se retrouver autour de quelque chose. Ce sont les « objets actants » : objets qui assignent à des rôles ; objets aliénants ou pas (tablettes). Ces « objets actants » peuvent entrer en concurrence avec les volontés de l’utilisateur : design particulier, algorithmes, qui peuvent limiter la notion d’usage et renvoyer davantage aux pratiques. On peut évoquer l’usage du smartphone en ville qui peut, au sens propre, vous envoyer « dans le mur ». Bien au-delà du technique, nous sommes en présence de questions politiques, sociales, épistémologiques, citoyennes. L’objet peut ainsi être un élément « dérangeant » et potentiellement perturbateur (voir les polémiques autour de la place du smartphone en milieu scolaire). Qui, en dehors de l’école, peut assurer de prendre en compte et de traiter ces questions ? Des gestes ont été appris par les jeunes : utiliser l’écran tactile pour allumer, se connecter, faire défiler, saisir habilement des messages avec les pouces, scanner un QR code, payer sans contact… Mais de nos jours nombre d’usagers n’en savent pas bien long sur la manière par laquelle les terminaux tactiles communiquent entre eux via les réseaux. À la fois algorithmiques et matériels, le fonctionnement des artefacts actuels (le cloud, les smartphones) échappe à la majorité des utilisateurs. Transformer par la pratique le rapport éthique que les humains entretiennent avec les objets technologiques actuels, et plus généralement « le » technique, devient indispensable.
Format des propositions de communication :
Les propositions de communication s’inscriront dans au moins un des trois axes ci-dessus. Elles devront aussi mettre en relation pratiques professionnelles et recherches ou différents domaines (artistique, culturel, littéraire, scientifique, technologique..) ou encore différents niveaux d’enseignement. Dans cette perspective, les co-interventions pluri catégorielles (par exemple, associant un enseignant et un chercheur), pluri disciplinaires ou inter degrés sont les bienvenues. Des transcriptions d’échanges langagiers, d’observation d’actions d’élèves (vidéos, textes) seront appréciées. Les contributions attendues peuvent être de différentes natures : recherche empirique, témoignage questionné, état de l’art.
Les propositions de communication préciseront dans quel axe (1, 2 ou 3) et dans quelle catégorie (recherche empirique, témoignage questionné, état de l’art) la contribution s’inscrit ; elles comprendront :
- un titre,
- un texte de 3000 signes au maximum (espaces compris) présentant les questions abordées, leur inscription dans les axes du colloque, le corpus et la méthodologie (pour une recherche empirique),
- les références bibliographiques (5 au maximum),
- des mots-clés (5 au maximum).
Adresse d’envoi :
Calendrier :
1er décembre 2018 | date limite d’envoi des propositions de communication |
15 mars 2019 | retour des expertises |
15 mai 2019 | date limite d’inscription (gratuite mais obligatoire) |
Dates et lieu du colloque : 11-12 juin – Amiens – logis du Roy (centre ville)
La participation au colloque est gratuite. Le prix des trois repas (midi et soir) est fixé à 50€.
Publication : La publication d’un ouvrage est prévue à partir des communications retenues lors du colloque
Comité scientifique
Jacques Audran, Joël Lebeaume, Anne-Laure Le Guern, Valérie Tartas, Jean-François Thémines,
membres du comité d’organisation et représentants des associations partenaires.
Comité d’organisation
Christine Berzin, Joël Bisault, Justine Breton, Céline Chanoine, Anne Delbrayelle, Béatrice Finet, Roselyne Le Bourgeois, Mickaël Le Mentec, Sophie Pelissier, Anne-Marie Rinaldi.
Secrétariat : Ophélie Vicart.
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