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POLLUTION BACTERIENNE DES FLEUVES COTIERS




Plusieurs piscicultures doivent fermer pour désinfection totale pour cause de virus dans le Pas de Calais.

RESUME

A partir d'une étude menée sur le petit fleuve Tech qui se jette dans la Méditerranée près d'Argelès-sur-Mer, Julia Baudart, microbiologiste au CNRS à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), alerte sur le fait que les fleuves à leur embouchure charrient jusqu'à cent fois plus de salmonelles que les effluents d'une station d'épuration du littoral ! L'explication principale serait l'augmentation des matières en suspension dans l'eau. Ces résultats, a priori transposables à la plupart des fleuves côtiers européens, invitent à réétudier l'origine et l'impact des pollutions bactériennes en eaux douces, saumâtres et salées. Le Conseil Régional aumâtres et salées. Le Conseil Régional Nord - Pas de Calais avait déjà alerté sur ce risque, en ajoutant que dans les régions industrielles ou urbanisées, la
présence de bactéries génétiquement modifiées (nombre de bactéries peuvent, en état de stress, échanger des gènes, et donc transmettre leurs gènes de résistances), ou résistantes aux antibiotiques ou au chlore pouvait rendre la situation préoccupante.

Explications : Les rejets de station d'épuration devraient normalement être limpides. Sauf lagunage tertiaire performant, il y reste des bactéries pathogènes, mais exposées à la lumière et au pouvoir épurateur des rayons ultraviolets (UV), ainsi qu'au contact des eaux salées, elles ne devraient pas survivre longtemps.

 Hélas, plusieurs facteurs s'opposent à une auto-épuration correcte des eaux fluviales.

- Les fleuves côtiers transportent, outre les salmonelles et de nombreux pathogènes, une quantité croissante de particules en suspension, et ce un nombre de jour/an de plus en plus élevé, empêchant une épuration normale par les UV, et les cosystèmes.

- Lors des crues ou pluies torrentielles, les stations d'épuration surchargées débordation surchargées débordent et/ou dysfonctionnent. La dilution fait que les taux ne sont pas alarmants, mais les microbes sont protégés dans les eaux sales et turbides.

- En outre, la quantité croissante de nutriments (nitrates, matières organiques) due à l'intensification des pratiques agricoles, au recul des infrastructures naturelles qui contribuaient à auto-épurer les écosystèmes aquatiques, entraîne des phénomènes d'eutrophisation, voire de dystrophisation, favorisant la prolifération de certaines bactéries et diminuant la quantité d'oxygène dissout au profit de bactéries très pathogènes (botulisme).

- Lorsqu'en plus, les eaux sont réchauffées, soit par la canicule en été, soit toute l'année, par diminution de l'ombrage des rivières, ou à cause du réchauffement industriel ou par les centrales nucléaires, des germes inhabituels peuvent survivre (ex : vibrions de choléra à Gravelines, dans les eaux réchauffées par la centrale).

- Les piscicultures, outre qu'elles injectent dans les cours d'eau des quantités considérables de nutriments, peuvent aussi constituer des apports de virus potentiellement dangereux pour la faune sauvage, éventuellement résistants aux antibillement résistants aux antibiotiques.

- Arrivé dans les estuaires puis en mer, le courant ralentit, et ces particules sédimentent, entraînant avec elles des bactéries, germes, virus qui devraient être présents en moindre quantité.

- Dans ces vases fraîchement déposées, les "mauvais germes" profitent d'une protection contre la lumière ainsi que d'apports importants et régulièrement renouvelés de nutriments. Les salmonelles y trouvant le gîte et le couvert, peuvent y survivre facilement et constituer une menace potentielle non négligeable.

- La contamination de la chaîne alimentaire peut se faire par la remise en suspension mécanique (grandes marées, ancres, hélices de bateaux, passage de chaluts, dragages de fossés, ports et canaux, qui remettent aussi les germes en suspension…), ou via la bioturbation, c'est-à-dire la capacité des organismes filtreurs et/ou fouisseurs (vers, coquillages, éponges, certains poissons, etc.) à consommer et concentrer ce qu'ils trouvent dans les vases ou l'eau qu'ils filtrent.

- Les fonds vaseux sont normalement à la base des écosystèmes les plus productifs, mais à cause de la pollution bactérienne et de la charge croissante en matière en suspension des fleuves, ils sont aussi uspension des fleuves, ils sont aussi des réservoirs à microbes.

- Lors des crues, des grandes marées, les courants remobilisent ces dépôts et les déplacent ou les entraînent vers la mer.

- Pour le cas des salmonelles, les analyses montrent que les réservoirs à salmonelles des fleuves se régénèrent très vite. Sur le Tech, quelques jours après une crue importante, une seconde crue amène en mer des quantités équivalentes de pathogènes.

- Les bactéries proviennent vraisemblablement de stations d'épuration vétustes, surchargées, ou dysfonctionnant. Le ruissellement sur les terrains d'élevage et/ou d'épandage se charge aussi de salmonelles, streptocoques, staphylocoques
contenus dans les excréments.

- La réglementation impose la surveillance des salmonelles. En cas de dépassement des seuils, la baignade doit être interdite, mais les analyses, si elles sont régulières en été, ne portent que sur les teneurs dans l'eau, alors que ces études montrent que le danger vient aussi et surtout des sédiments.

Ces données sont à prendre en compte par les autorités chargées du suivi sanitaire des eaux de baignade, des produits de la mer, des piscicultures et de la pêchmer, des piscicultures et de la pêche de loisirs, mais aussi par les aménageurs du territoire, le monde industriel et portuaire et surtout les acteurs de l'agriculture qui peuvent, via des remembrements écologiques, la restauration de réseaux cohérents de bandes enherbées, talus, haies, zones humides, rendre aux rivière leur limpidité et leur pureté naturelle. L'érosion est souvent devenue la première cause de pollution pour les fleuves côtiers (ex : Aa, Canche, Authie pour le Nord - Pas de Calais), et les agriculteurs, qui pour certains perdent actuellement 10 t par an et par ha de leur meilleure terre, n'y perdront pas.
Les schémas de services collectifs et les profils environnementaux régionaux ou locaux, les SDAGEs et SAGEs, les DTA (Directives Territoriales d'Aménagement) seront des lieux privilégiés pour l'évaluation et l'action.

Nombre d'experts pensent qu'il est urgent d'agir, car les aléas climatiques et le réchauffement pourraient empirer les choses en diminuant la capacité des écosystèmes à se protéger, et en permettant à des microbes aujourd'hui inconnus des pays du nord de proliférer.
 

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relayé par
F. LAMIOT
Direction environnement
Conseil Régional Nord-Pas de Calais