Les traces d'activité humaine sont les plus instructives. Elles sont beaucoup plus fréquentes que les restes humains. Ce sont des outils en bois, en os, en pierre, des récipients en terre cuite, des bijoux... Pour les temps anciens, seuls les outils en pierre (généralement des silex) sont conservés. Les techniques de taille ont d'ailleurs été utilisées au XIX ème et au XXème siècle pour établir la chronologie des temps préhistoriques en l'absence de datations: Paléolithique inférieur, moyen et supérieur, Mésolithique et Néolithique. On trouve encore des témoins de construction, des accumulations locale d'os d'animaux, de plantes, de coquillages qui indiquent des activités de chasse, de cueillette. Il y a enfin des indices d'expression artistiques ou religieuses illustrées par les gravures ou peintures sur roches, qui peuvent totalement disparaître sous l'effet de l'érosion et de l'altération, et les sépultures.
Afrique, Asie, Europe: Homo habilis, H. ergaster, H. erectus, H.
heidelbergensis.
Les restes d'Homo
habilis sont associés aux plus anciennes industries de
pierre taillée: ce sont surtout des galets en
silex peu modifiés
par percussion, souvent difficiles à distinguer des silex
cassés naturellement. Les galets sont taillés
généralement sur une seule face
pour confectionner un outil (chopper)
ou pour obtenir des éclats tranchants. Ces outils
devaient lui
permettre de découper des morceaux de viande ou de casser des
os. Il est difficile de
reconstituer leur mode de vie. On s'accorde à penser que
c'était d'abord des cueilleurs
de fruits et de racines, puis des chasseurs de petits
animaux, peut-être mêmes de charognards,
eux-mêmes proies des grands
carnivores (comme les singes actuels). Leurs outils
rudimentaires servaient à dépecer les proies. Leur
durée de vie ne
devait pas excéder
30 ans.
Homo ergaster sait tailler le galet sur les deux faces en fabricant ainsi le biface. Ces hommes devaient probablement utiliser aussi des outils en bois qui ne peuvent pas être conservés. Le développement des membres inférieurs leur permit de couvrir de grandes distances à la recherche de nourriture pour finalement, à partir de l'Afrique, atteindre l'Asie et l'Europe (H. georgicus). La structure du larynx déduite des restes osseux ne semble pas compatible avec un langage articulé. Comme pour Homo habilis, il n'y a pas de trace de sépulture.
Homo habilis:
galet aménagé (chopper)
|
Homo erectus: Trace de foyer ; biface (Terra amata, Nice) |
Homo erectus a
façonné des outils qui sont symétriques et
paraissent mieux
adaptés à leur usage (couper, gratter...). Il a
colonisé une grande partie du globe (excepté les
Amériques et certaines îles). Son outillage
perfectionné et probablement son comportement social lui ont
permis de chasser des gros gibiers (herbivores). Les traces de
cendres de bois associées à ses restes laissent penser
qu'ils
savaient utiliser le feu.
Homo heidelbergensis enfin se nourrissait surtout de la chasse. On associe d'ailleurs le développement du cerveau à la consommation de viande. Il pouvait chasser les chevaux et le rhinocéros. Il fabriquait également des épieux à lancer qui atteignaient jusqu'à 2,50 m de long. Les marques de découpage sur des os indiquent qu'il les raclait pour en retirer la viande. Les os étaient aussi utilisés comme des outils pour la fabrication d'outils en silex. Le développement de ses capacités culturelles a fait supposer à quelques chercheurs qu'Homo heidelbergensis possédait déjà les rudiments d'une langue simple.
Europe, Asie (Proche
Orient),
Afrique du Nord
Homo neandertalis et similaires
3.1 Industries
L'industrie du Moustérien est caractérisée par
une technique de taille
des silex plus précise; les éclats
prélevés sur
les galets sont retouchés en fonction
d'utilisation spécifique (racloirs, pointes). Le silex est
débité en éclats qui pouvaient être
utilisés bruts ou bien
retouchés, légèrement modifiés
sur leurs bords pour obtenir des outils plus spécialisés
tels que les racloirs. Des traces d'adhésif naturel en bitume ou
en résine sur certains outils montrent que ceux-ci
étaient emmanchés. Les manches en bois (ou en os) ne sont
généralement pas conservés mais on
découvert en particulier dans un site d'Allemagne un fragment
d'épieu en bois fiché dans les os du thorax d'un
éléphant associé à des
éclats de silex.
Il est probable que les derniers Néandertaliens soient les auteurs d'un faciès culturel de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe occidentale qui est caractérisé le débitage de lames et la fabrication d'outils en os.
(a)
(b)
|
(c) |
(d) |
Industrie lithique du
Moustérien. (a) Néandertalien taillant un silex
(reconstitution in Wikipedia); (b) nucléus et
éclat; (c) racloir (Musée d'Angoulème); (d) Lame
sur éclat (Musée d'Angoulème).
3.2
Chasse et nourriture
Les accumulations d'ossements d'herbivores (cerfs, bisons) à proximité des restes de Néandertaliens sont interprétées comme le résultat de leur chasse. Les traces de découpe sur les os sont visibles. La pratique ponctuelle d'un charognage actif (accès primaire à la carcasse en écartant les prédateurs ou en recherchant les animaux morts dans des pièges naturels) est également possible. L'analyse isotopique (C, N) du collagène des os de néandertaliens d'un site de Charente, daté d'environ 40 000 ans BP, montre que ces individus consommaient essentiellement de la viande de grands herbivores.
Les traces
de feu
sont fréquentes. Les traces de découpe portées par
les os
d'animaux (herbivores
comme les cervidés) trouvés à proximité
montrent qu'il débitait son gibier à
l'aide de ses outils en silex.
3.3 Habitat
Les restes de
Néandertaliens ont souvent été trouvés dans
des grottes ou des abris sous roches, mais peut-être parce que
ces lieux sont plus propices à la fossilisation. Il est certain
qu'ils occupaient des grottes au moins provisoirement mais ils
pouvaient fabriquer des huttes en branchages recouvertes de peaux .
3.4 Langage
Au vu de
la structure de son larynx, on pensait qu'il avait un langage
articulé au moins
sommaire.
3.5 Manifestations rituelles et artistiques
Les restes de néandertaliens sont associés aux
premières manifestations de préoccupations
esthétiques ou symboliques: collecte de fossiles ou de
minéraux rares, ocre (terre rouge utilisée comme
pigment)
utilisée probablement comme peinture corporelle (?), gravure de
traits, de lignes ou de
signes géométriques simples sur des os ou des pierres.
Dans certains sites, des
accumulations de
crânes d'ours
qui semblaient
disposés intentionnellement ont été
interprétées comme le résultat d'un
« culte de l'ours ».
|
Flûte faite d'un fémur d'ours (Governement Communication Office, Slovenia). |
comme un pendentif |
Certains
squelettes sont disposés de
façon précise et peuvent
être associées à des restes végétaux
ou des coquillages. Ces premières
véritables sépultures connues datent d'environ -
100 000
ans et ont été
mises au jour au Proche-Orient. Elles comportent souvent des fosses
intentionnelles
et sont
pratiquement toujours associées à des habitats. Il est
peu probable qu'elles
n'aient eu qu'un rôle fonctionnel simplement destiné
à se débarrasser d'une
dépouille, mais elles seraient plutôt l'indice de rites
funéraires. En
effet, dans certains cas, elles
comprennent des
dépôts funéraires (outils lithiques, fragments de
faune). A Shanidar (Irak), une sépulture renfermait un
Néandertalien enterré sous
une grande dalle; une grande quantité de pollens de plantes
à fleurs était
présente autour du corps, ce qui a été
interprété comme
la preuve du dépôt de nombreuses
fleurs lors de l'enfouissement. La présence de traces de
désarticulation, de
décharnement, de fracturation
intentionnelle ou de calcination sur certains os de
Néandertaliens a posé des problèmes
d'interprétation. On a d'abord
pensé à du cannibalisme mais celà pourrait
être plutôt un traitement post mortem
des
dépouilles dans le cadre d'un rite funéraire.
4. La vie au Paléolithique
supérieur (-35
000 à -10 000 B.P. ans environ en Europe)
Europe, Afrique, Asie, Océanie
Le Paléolithique supérieur est
caractérisée par le développement de nouvelles
techniques
(lames,
industrie osseuse, propulseur, etc.) et de l'art préhistorique
dont l'auteur est l'Homo sapiens.Venu
du Proche Orient, ce dernier a
profité d'une amélioration temporaire du climat vers - 35
000 pour coloniser
l'Europe. Il a cohabité avec l'Homme
de Néandertal jusqu'à l'extinction de ce
dernier vers -30 000 en Espagne.
Son industrie lithique est basée sur
la production
d'éclats allongés,lames
et lamelles, qui servent
de base à la réalisation d'un outillage
diversifié : grattoirs,
burins, pointes de projectiles. L'homme chasse les animaux
avec des lances
ou en les
piégeant; la découverte de pointes
silex montre qu'il connaît également l'arc. Le travail de
l'os est remarquable: fabrication de harpons, de poinçons, de
propulseurs...
(a) |
(b) |
(a) |
(b) |
(c) |
Peintures du Paléolithique Supérieur: (a) Cheval de la grotte de Lascaux (France); (b) Bison de la grotte d'Altamira (Espagne); (c) Empreinte de main (Grotte Chauvet, France).
Reconstitution d'une hutte en os de mammouth (Musée de Kiev, Ukraine). |
Autre reconstitution de hutte (Ukraine). |
Ablation des incisives (avulsion dentaire) chez un Ibéro-maurusien. |
(a) |
(b) |
(c) |
Gravures et sculptures du Paléolithique Supérieur: (a) Gravures de la grotte Chauvet (France); (b) Statuette (30 cm) de l'"homme-lion"en ivoire de Mammouth (Allemagne); (c) Statuette en os dite "Vénus de Brassempouy" (France).
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Plutôt qu'une époque, le Néolithique est
considéré par certains auteurs comme un stade culturel
défini par un ensemble de traits techniques, économiques
et sociaux.
Un des foyers de néolithisation les plus anciens se situe
au Moyen-Orient vers 10 000 ans. Les nouvelles connaissances et les
nouvelles pratiques gagnent progressivement l'Europe de l'Ouest
et le pourtour de la Méditerranée à partir de 6
500 av. J.-C. (8 500 ans B.P.) La fin du Néolithique est
également marquée par l'émergence de la
métallurgie (Âge des métaux) .
Le polissage de la pierre
La technique du polissage est utilisée dès le
Paléolithique supérieur pour des matériaux tendres
mais elle se généralise au Néolithique avec le
développement des travaux de défrichage liés
à l’agriculture. Les outils de pierre polie étaient
réalisés à partir de roches dures (silex, roches
vertes, basaltes par frottement sur un polissoir (grès, granite,
silex…). Pour fabriquer une lame de hache, l’artisan
taillait d’abord un biface par percussion puis l’usait sur
un polissoir ; il fallait une vingtaine d'heures de travail pour
certaines grandes haches. Le soin apporté à la confection
des outils polis n'a donc pas seulement des motivations techniques mais
également esthétiques et sociales. Les techniques de
taille elles-mêmes étaient très
perfectionnées (réalisation de pointes de flèches
très fines).
La Céramique
L'utilisation de terre cuite est attestée dès le
Paléolithique supérieur, des figurines animales en
terre cuite d'Afrique du Nord ont été estimées
à 20 000 ans BP, mais c'est au Néolithique que cette
technique se développe. La poterie (au sens originel de
fabrication de récipients en terre cuite) fait son apparition au
Japon vers 15 000 ans B.P., vers 9 000 ans B.P. en Iran. Les rares
restes d'étoffe montrent que le tissage avait été
également découvert.
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Pointe de flèche en silex
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L'agriculture et l'élevage
Vers la fin du IXe millénaire av. J.-C., les groupes
humains, déjà en partie sédentaires,
commencèrent à y domestiquer les animaux (mouton,
chèvre) et les plantes (blé, orge suivis de
légumineuses). Les animaux ont été d'abord
domestiqués pour leur viande, mais aussi pour leurs productions
complémentaires (lait, laine, cuir) ; l'utilisation de leur
force de travail, comme animaux de trait, de bât ou de selle,
intervint plus tard. Le types de plantes et d'animaux
domestiqués dépend du groupe humain. Le blé,
l'orge et les légumineuses comme le mouton et la chèvre
ont été domestiqués au Moyen Orient
(Mésopotamie), le mil, le sorgho et l'igname en Afrique
sub-saharienne, le buffle et les volailles en Indes, le riz en
Extrème Orient, le maïs au Mexique, les haricots, la pomme
de terre au Pérou...Le chien a été
domestiqué vers 10 000 ans av. J.-C. en Europe du Nord-Ouest.
La chasse et la pêche sont cependant encore longtemps
utilisées parallèlement à la culture et à
l'élevage.
La sédentarisation et les premières villes
L'apparition de l'agriculture est l'une des innovations
néolithiques les plus lourdes de conséquences au niveau
de l'organisation sociale. L'agriculture impose
généralement de se fixer de quelques mois, le temps de
faire les récoltes, à quelques années, le temps
que la terre s'épuise. Des constructions durables apparaissent,
en torchis et en pierre, remplaçant les huttes de peaux des
chasseurs-cueilleurs. Quand ces constructions se regroupent, naît
alors le village. L'une des plus anciennes agglomérations est
celle de Jéricho : les premières constructions de pierre
y sont datées d'environ 9 000 ans av. J.-C. La gestion des
travaux de la terre faits en commun, celle des réserves de
grain, la direction de la défense du territoire contre les
voisins dans un monde devenu trop plein, tout ceci conduit à
l'apparition d'administrations, d'États et de conflits entre
eux. Les inhumations collectives d'individus de tout âge et sexe,
dont certains portent des des pointes de flèches fichées
dans leurs os, sont les plus anciens témoins de guerre.
L'art
L'art néolithique est extrêmement diversifié dans
ses expressions. Les préoccupations esthétiques au
Néolithique s'expriment à travers la décoration
des objets utilitaires (céramique, haches polies) mais aussi par
la réalisation de sculptures, de parures et d'œuvres
rupestres dont certaines ont une signification religieuse probable. Des
empilements de pierres énormes comme les dolmens, des
dalles de plusieurs mètres (mégalithes)
disposées en alignement ou en cercle sont
interprétées comme des manifestations religieuses
(sanctuaires?)
(a) Un exemple de sépulture néolithique: le mort a été couché sur le coté (décubitus latéral); des poteries ont été disposées près de la tête(DRAC Picardie) |
(b) Dolmen des Eves, Sainte Suzanne, France(Wikipedia) (c) Monument mégalithique circulaire de Stonehenge, Angleterre (Wikipedia). |
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Collier (Carnac) |
6. L'âge des métaux=
temps historiques
Les plus anciens signes d’écriture ont été retrouvés essentiellement à Uruk (Irak), ancienne capitale du pays de Sumer ; on les a datés d’environ 3300 avant J.-C. L’apparition de l’écriture coïncide avec l’essor des villes, dans des sociétés en mutation, où viennent de pénétrer l’invention de la roue et la technique du cuivre moulé et qui possèdent déjà tout un répertoire de signes et de symboles dans leurs arts plastiques. Elle annonce la fin des temps préhistoriques et le début de l'Histoire.
Ecriture cunéiforme (pour la traduction de la phrase, voir
LIENS INTERNET
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_ergaster
http://classes.bnf.fr/dossiecr/in-cunei.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_habilis
http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/chauvet/fr/
Pelegrin J. et Soressi M. (2007) - Le Châtelperronien et ses rapports avec le Moustérien. Les Néandertaliens. Biologie et cultures. Paris, Éditions du CTHS, 2007 (Documents préhistoriques ; 23), p. 283-296
Otte
M. (1998) - Contribution moustérienne au Paléolithique
supérieur. in :
Les Premiers hommes modernes de