1. Les restes humains en Préhistoire
Leur présence dépend du nombre d'individus existant à l'époque considérée et des conditions de conservation (fossilisation). Les parties "molles" (chair, cartilage) sont difficilement conservées, la momification naturelle est rare, même pour les périodes récentes. Les parties osseuses demandent un enfouissement rapide dans un sédiment pour être conservé (un squelette exposé à l'air devient friable pour finalement disparaître). De plus il faut ensuite que le sédiment soit suffisamment compact et que son pH ne soit pas acide pour éviter la dissolution de l'os. Les dents sont les parties les plus facilement conservées. Dans les cas favorables, pour les restes humains récents, on utilise maintenant l'empreinte génétique fournie par l'ADN des mitochondries ou celui du chromosome Y pour établir la filiation d'un groupe d'individu à l'autre. Il n'en reste pas moins que les restes humains sont trés rares, souvent incomplets et fragmentés, et qu'il est difficile d'établir des relations d'un spécimen à l'autre. La chronologie classique de la Préhistoire a d'abord été établie à l'aide des restes d'industries laissés par les hommes.
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(National Meseum of Ethiopia) |
(Rudgers university) |
(American Scientist) |
Fouilles préhistoriques et état des restes osseux.
2. Les
hominidés anciens
Depuis 7 millions d'années environ, des restes de primates ont été découverts qui montrent des caractères humains. Sahelanthropus tchadensis, nommé Toumai, découvert près du Lac Tchad, est considéré par certains comme une des premières espèces de la lignée humaine. Plus récents et plus nombreux sont les restes d' australopithèques découverts en Afrique du Sud et dans le système de Rift africain, en Ethiopie et au Kénya..
Crâne d'Australopithecus africanus (Afrique du Sud): capacité cranienne: 400 à 500 cm3. (http://dinosoria.com/australopithecus.htm) |
Squelette de
"Lucy", Australopithecus afarensis (Hadar, Ethiopie); taille: 1,06 m.
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( http://dinosoria.com/australopithecus.htm) |
3. Les premiers hommes (
Afrique,
Asie, Europe
Les restes des hommes eux-mêmes sont rares. On les trouve dans les sédiments volcaniques des grands Rifts africains (Ethiopie) et dans les grottes associés à des objets en silex peu modifié par percussion, souvent difficile à distinguer des silex cassés naturellement: ce sont les "galets aménagés" de la pebble culture, bifaces rudimentaires et éclats, trouvés en certains lieux en grande quantité parfois à proximité de restes osseux d'animaux.
Les restes osseux sont incomplets: quelques dents, une mâchoire, quelques os longs, rarement un fragment de tête osseuse, exceptionnellement une tête complète ou un squelette presque complet. Les individus sont isolés et il n'y a pas de trace de sépulture. C'était des chasseurs nomades de petits gibiers, peut-être mêmes de charognards, eux-mêmes proies des grands carnivores (comme les singes actuels). Leur durée de vie ne devait pas excéder 30 ans. La structures de leur larynx déduite des restes osseux ne semble pas compatible avec un langage articulé. Les traces de cendres de bois associées à H. erectus laissent penser que ces hommes savaient utiliser le feu.
Il a vécu en Afrique
de l’Est et en
Afrique du Sud. On le considère comme le premier homme
véritable
en raison de la forme de son crâne et sa capacité
crânienne, 600 cm3 en moyenne. Sa taille était
faible, environ 1,20 à 1,50 m, et il pesait de 30
à
40 kg. Il marchait debout mais conservait des capacités
arboricoles L'étude de sa
denture montre des canines réduites et des incisives
développées ce qui
démontre que l’Homo habilis
était omnivore. Les restes d'Homo habilis
sont associés aux
plus
anciens outils en pierre taillée. Ce sont
généralement des galets cassés
généralement sur une seule face
pour confectionner un "chopper" et obtenir des éclats
tranchants. L’espèce présentait un fort
dimorphisme
sexuel, les femelles étant beaucoup plus petites que les
mâles.
Homo rudolfensis :
les restes trouvés
en Afrique
orientale(Lac Rodolphe) indiquent des individus plus robustes et
corpulents que les Homo habilis. Ils
possèdent de
fortes mâchoires et une face solide.
Crâne d'Homo habilis (Koobi Fora, Kénya) (photo bones clone) |
Une reconstitution d'H. habilis
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Crâne d'Homo rudolfensis (Koobi Fora, Kénya) (photo bones clone) |
Homo ergaster : entre 2,2 millions d’années et 1 million d’années
Homo ergaster vivait en Afrique, entre 2,2
millions
d’années et 1
million d’années avant notre ère. Il
descendrait
directement d’Homo
habilis. Son cerveau atteint 850 cm³, ce qui
implique une
consommation
régulière de viande. Les spécimens
découverts mesurent entre
Homo ergaster utilisait des outils en pierre taillée sur les deux faces (biface caractéristique de l'Acheuléen). Ses membres inférieurs plus longs que ceux d’Homo habilis en faisaient un bon marcheur. Les hanches des femelles restent par contre plus larges que celles de l’Homo sapiens femelle. Il était capable de marcher avec endurance et de courir le corps parfaitement redressé. Il a occupé l’ensemble du continent africain et en est sorti pour coloniser l’Asie et l’Europe. On a retrouvé ses restes dans le sud de la Chine (- 1,8 millions d’années) et à Java (- 1,7 millions d’années). En Europe des traces sont retrouvés dans le nord de l'Espagne et en Italie.
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Museum of Man San Diego, California. |
Reconstitution d'H. ergaster. Museum of Man San Diego, California. |
Homo georgicus (1,8 millions d’années)
Homo georgicus a été
trouvé
récemment à Dmanissi, en Géorgie. Pour
certains,
il est considéré comme un Homo ergaster
européen.
Crâne d'H. georgicus (Wikipedia) |
Reconstitution faciale d'Homo georgicus (J. Gurche, National Geographic) |
Une reconstitution d'H. georgicus (in National Geographic) |
Ses restes ont été
découverts en association avec
des ossements d'animaux, des outils de pierre et des outils de
percussion qui
permettaient à cette espèce de chasser, de tuer
des
animaux et de les préparer.
Ceci établit selon ses découvreurs le statut de
chasseur
d’Homo georgicus
et non de charognard ni de simple cueilleur et consommateur d'aliments
végétaux
peu coriaces.
L’Homo erectus qui apparaît il y a 1,9 millions d’années en Afrique a conquis le monde, domestiqué le feu et construit des cabanes pendant le Paléolithique inférieur et moyen. Il mesurait 1,60 mètre de hauteur et sa capacité cranienne était de 850 à plus de 1000 cm3. Sa tête osseuse est caractéristique: une mâchoire puissante, un prognathisme marqué, des os épais, un front assez bas, pas de menton, un bourrelet sus-orbitaire et une carène sagittale plus ou moins marquée. Parti d'Afrique, Homo erectus a colonisé une grande partie de l'Eurasie et l'Indonésie. Il a amélioré les techniques de taille en réalisant les premiers bifaces. Ses outils révèlent l'existence de comportements nouveaux dans la lignée humaine : l'élaboration d'outils symétriques et une forte adaptation des outils aux conditions locales et aux besoins humains.
(www.hominides.com) |
Crâne
d'Homo erectus (Chine) ou Sinanthrope
(coll. Johann Wolfgang Goethe-Universität). Une reconstitution du
visage d'H. erectus
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Homo heidelbergensis (entre environ
600 000 ans et 200 000 ans)
Cette espèce du genre Homo qui
a vécu en
Europe serait le
résultat d'une évolution
depuis Homo erectus. D'autres appellations ont
été proposées par divers auteurs: Homo antecessor,
Homo
erectus
européen ou
pré-néandertalien. Il y a environ
200 000 ans Homo
heidelbergensis a évolué pour donner
naissance aux
néandertaliens. Dernièrement, une machoire d'Homo antecessor découverte à Atapuerca (Espagne) a été datée à -1,3 millions d'années.
Des travaux récents portant sur de nouvelles découvertes à
Dmanissi suggereraient que toutes ces spécimens du genre Homo, en
particulier Homo habilis, Homo rudolfensis , Homo ergaster, Homo erectus appartiendraient en fait à la seule espèce Homo erectus.
Europe, Asie (Proche Orient), Afrique du Nord
Homo neandertalensis apparaît morphologiquement différent de l'homme actuel: stature plus massive, tête osseuse avec bourrelets sus-orbitaires, mâchoire et dents puissantes. Les Hommes de Néandertal sont robustes, mesurant en moyenne 1,70m, trapus, avec des membres relativement courts. Leur capacité crânienne est importante, jusqu'à 1750 cm3, soit supérieure à celle de l'homme moderne.. Leur technique de taille des silex est plus précise et caractérise le Paléolithique moyen; les éclats prélevés sur les galets sont retouchés en fonction d'utilisation spécifique (racloirs, pointes).
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Reconstitution d'un squelette de néandertalien comparé à celui d'un homme moderne (à droite) par B. Maley et G.J. Sawyer (Wiley Journal The Anatomical Record, mars 2005) |
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D'abord connus en Europe (le site de Néandertal est
en
Allemagne), la répartition géographique des
Néandertaliens a été
étendue jusqu'en Chine grâce à
l'analyse de l'ADN
mitochondrial de restes osseux trouvés en Ouzbeckistan et en
Mongolie. Sur la base de la structure du larynx et l'analyse de l'ADN,
on considère maintenant qu'ils maîtrisaient le
langage
articulé. Des peintures rupestres découverte en Espagne dans la grottes
de La Pasiega et datées à -64 000 ans pourraient être attibuées à
l'homme de Néanderthal; ce seraient les peintures les plus anciennes
connues dans la monde.
Vers la fin du
Paléolithique
moyen H. neandertalensis
a coexisté avec l'homme moderne (H.
sapiens): il se
pose la question d'une hybridation possible. Un séquençage plus complet de l’ADN nucléaire montre
que 2 % du génome de H. neandertalensis se retrouve aujourd’hui chez les
populations d’origine d’Europe et d’Asie, alors qu’aucun gène commun n’a été
retrouvé avec les populations d’origine africaine. Il y aurait donc eu
hybridation durant la période de cohabitation en Europe entre H. neandertalis
et H. sapiens. Le récent séquençage du génome de l'homme d'Ust-Ishim, un Homo sapiens de Sibérie montre que le métissage Néandertal-Sapiens s'était déjà produit il y a 45 000 ans.
La disparition des néandertaliens vers -30 000 ans
a
longtemps
été expliquée par sa
décimation par l'homme
moderne. On pense plutôt maintenant à des causes
génétiques (maladies congénitales,
stérilité) ou des épidémies
dont les
vecteurs ont été apportés par l'homme
moderne
(comme par exemple l'épidémie de variole
apportée
au 16ème
siècle en Amérique par les premiers
européens). Durant des milliers d'années, les Néandertaliens ont été
l'espèce dominante en Europe. Après l'arrivée de nos ancêtres Homo
sapiens, les deux espèces ont cohabité pendant longtemps et se sont
même mélangées, mais ensuite les Néandertaliens ont disparu. Jusqu'à
présent, la raison de cette disparition n'était pas claire. Selon une
nouvelle hypothèse, les Homo sapiens ont apporté en Europe des maladies
contre lesquelles les Néandertaliens n'étaient pas immunisés. "Les gens
venus d'Afrique pourraient être les contaminateurs des maladies
tropicales. Pour les Néandertaliens, habitués aux infections
européennes, l'influence de nouveaux pathogènes de l'Afrique aurait pu
être catastrophique", estime le docteur Charlotte Houldcroft de
l'université de Cambridge.
Une synthèse historique relative à l'Homme de Néandertal peut être trouvée ici.
Des fragments osseux et des dents humaines découverts dans la grotte de Denisova, au sud de la Sibérie ont pu être datés entre 30 000 et 48 000 ans BP. Les données disponibles pour l'ADN mitochondrial laissent penser quil s'agit d'une nouvelle espèce qui aurait un ancêtre commun avec l'homme moderne et avec l'homme de Néandertal. Le séquençage de l'ADN nucléaire extrait d'une phalange provenant du même site confirme que l'hominidé de Denisova a des origines communes avec l'homme de Néandertal. Il aurait également contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens actuels : des croisements se seraient donc produits avec les Homo Sapiens.
H. floresiensis et H. sapiens. ( National Geographic ) |
d'H. sapiens (photo Peter Brown) |
(J. Gurche in National Geographic) |
8. Les hommes modernes (Homo sapiens)
Europe, Afrique, Asie, Océanie et finalement Amériques.
Homo sapiens (Omo
Kibish, Ethiopie)
( David L. Brill / Brill Atlanta ) |
Homme de Cro
Magnon (Wikipedia)
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L'arrivée en Europe de l'Homme moderne (Homo
sapiens)
se situe vers -40 000 - 30 000 ans; il aurait
profité d'une amélioration temporaire du
climat.Les
comparaisons entre différentes populations humaines
actuelles
des séquences de l'ADN mitochondrial et du chromosome Y
suggèrent fortement que tous les humains actuels ont une
origine
commune située en Afrique. Le plus ancien Homo sapiens
connu jusqu'à présent a été
découvert dans le gisement d'Omo Kibish (Ethiopie)
daté à -195 000 ans. Il aurait
migré largement pour finalement occuper tous les continents.
Son représentant européen le plus connu est
l'Homme de Cro-Magnon. En
plus du travail de l'os et du bois, son industrie lithique
caractéristique du Paléolithique
supérieur est
basée sur
la production
d'éclats allongés, lames
et lamelles, qui servent
de base à la réalisation d'un outillage spécialisé : grattoirs,
burins, pointes de projectiles... Par la suite ses techniques se sont
perfectionnées encore et diversifiées: pierre
polie
(Néolithique), métaux... Des travaux récents montrent que des restes
humains, correspondant à plusieurs individus, découverts au Jebel
Irhoud (Maroc) et datés à -300 000 ans, appartiendraient à l'espèce Homo sapiens, ce qui reculerait d'autant l'apparition de l'espèce.
Migration de l'homme moderne (modifié d'après National Geographic Society, 2006). |
Une proposition de tableau chronologique des espèces du genre Homo. |
10. Merci à tous les contributeurs anonymes de l'encyclopédie libre Wikipédia.
11. Un aspect humoristique de la question...
Une synthèse récente de l'évolution des hominidés peut être trouvée sur le site: http://www.alex-bernardini.fr/evolution/evolution-homme.php
REFERENCES
OUVRAGES
Géologie de la Préhistoire, J.-C. Miskovsky (ed), Géopré (2002), 1579 p.
SOURCES DES ILLUSTRATIONS
REFERENCES INTERNET
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_ergaster
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_habilis
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homme_de_N%C3%A9andertal
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_erectus http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/biologie/